Selon trois anciens chefs de gouvernement, Manuel Valls, Jean-Marc Ayrault et Edouard Philippe, le gouvernement de Matignon doit prendre le contrôle de la situation en Nouvelle-Calédonie. Ils ont exprimé leurs préoccupations à l’Assemblée Nationale face à la crise politique et économique croissante dans le territoire d’outre-mer. Ces trois hommes politiques ont été interrogés par Nicolas Metzdorf, un représentant important de la droite loyale à Nouméa et membre du groupe Renaissance, à propos du projet de réforme de la loi constitutionnelle et du corps électoral en Nouvelle-Calédonie.
Le projet de loi sera présenté à la commission des lois le 7 mai, et un vote aura lieu en séance le 13 mai, en vue d’une approbation par le Congrès à une majorité de 3/5 en juin. Cependant, les indépendantistes s’opposent à cette réforme, soutenue par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin.
Ils sont préoccupés par le fait que les Kanaks pourraient se retrouver en minorité si l’idée de l’ajout de 25 000 électeurs est adoptée. Il s’agit de personnes nées en Nouvelle-Calédonie depuis 1998 ou résidant sur le territoire depuis dix ans, qui étaient jusqu’à présent exclues des listes électorales afin de maintenir l’équilibre politique et ethnique fragile de la Nouvelle-Calédonie. L’enjeu est important car l’issue de ces élections provinciales influence l’équilibre entre les non-indépendantistes et les indépendantistes, qui contrôlent le gouvernement calédonien depuis 2021.
Edouard Philippe fut le dernier Premier Ministre (2017-2020) à gérer le dossier avant qu’Emmanuel Macron ne le confie à Sébastien Lecornu au ministère des outre-mer, puis à Gérald Darmanin à l’intérieur. Le 2 mai, M. Philippe s’est abstenu de critiquer directement M. Darmanin, qui est responsable depuis 2022 des consultations sur l’organisation des prochaines élections et, plus largement, sur le futur statut du territoire appelé à la « pleine souveraineté ». Il a toutefois exprimé clairement cette idée: « Si nous devions nous pencher sur le domaine exclusif du Premier ministre, la Nouvelle-Calédonie en ferait partie », a-t-il essentiellement exprimé.
En mars, le maire du Havre s’est rendu à Caillou. Il a constaté que les deux parties souhaitent toujours un accord politique pour écrire la suite del’accord de Nouméa de 1998, mais que l’alignement semble de plus en plus difficile à atteindre avec la méthode actuelle de l’exécutif. Pour lui, une « initiative » est nécessaire.
« Je plaide pour que Matignon reprenne le contrôle », a déclaré mardi 30 avril Manuel Valls, Premier ministre de 2014 à 2016. « Les indépendantistes se souviennent de la connexion avec ce lieu où les grands accords du passé ont été formés, celui de Matignon en 1988 et celui de Nouméa en 1998. Et il n’est pas bon que le président soit impliqué dans tous les aspects. »
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