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« Doute sociologique : élections européennes »

Traditionnellement, l’évolution des intentions de vote au cours d’une campagne électorale est influencée par deux facteurs. D’une part, il se peut que les scores changent lorsque l’intensité de la campagne augmente et que des électeurs qui n’avaient pas l’intention de voter au début de la campagne se mobilisent. Par conséquent, la taille du corps électoral augmente avec l’arrivée de ces nouveaux électeurs, ce qui peut modifier l’équilibre des forces préalablement observé.

En ce qui concerne ce premier aspect, il convient de noter que la campagne pour les élections au Parlement européen, qui se tiendront dans moins de six semaines, n’a pas vraiment commencé, du moins selon la perception des Français. C’est ce qui ressort de la quatrième vague de l’enquête électorale menée par Ipsos en collaboration avec le Cevipof, l’Institut Montaigne, la Fondation Jean Jaurès et Le Monde, qui a eu lieu du 19 au 24 avril. Au début du mois de mars, seuls 56 % d’entre eux se disaient intéressés par les élections, et ce chiffre n’a pratiquement pas changé au cours du mois (57 %).

Logiquement, ce manque d’intérêt se reflète dans l’intention de voter : pendant la même période, la certitude d’aller voter est passée de 44 % à 45 %. L’abstention électorale, qui semble donc importante, est déjà un phénomène en soi qui déstabilise la stabilité des démocraties occidentales.

Les femmes sont plus indécises.

Si les électeurs restent sensiblement les mêmes jusqu’au 9 juin, les dynamiques de vote ne pourront se dérouler que grâce au second élément pouvant engendrer des changements dans les intentions de vote : les transitions de soutien d’un candidat à un autre. En effet, à ce stade, la décision de vote est encore loin d’être définitive : seuls 63% des électeurs sont convaincus de leur sélection, un taux qui n’a pas varié depuis six semaines.

Ces indécisions sont un phénomène de plus en plus influent dans les démocraties touchées par un déclin de l’attachement aux partis et une grande instabilité électorale. Lors du premier round de l’élection présidentielle de 2022, un quart des électeurs avaient déclaré avoir hésité sur leur choix jusqu’à la dernière minute.

Mais qui sont ces électeurs qui, actuellement, ne sont pas sûrs de leur choix ? Plus d’un tiers de ceux qui sont convaincus qu’ils iront voter sont toujours indécis sur le candidat. Les facteurs sociodémographiques jouent un grand rôle dans cette incertitude. Les femmes sont beaucoup plus indécises que les hommes (42% des électrices pensent que leur décision n’est pas finale, contre 32% des électeurs). L’âge a également un impact significatif : si 43% des personnes de moins de 35 ans pensent que leur décision peut encore changer, ce pourcentage diminue à 38% chez les 35-59 ans et à 33% chez les 60 ans et plus.

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