Une étude sociologique intitulée « les jeunes et la guerre » devrait être dévoilée ce vendredi 12 avril, à l’institution parisienne Sciences Po. Cette étude a été dirigée par la spécialiste de la jeunesse, Anne Muxel, chercheuse émérite au CNRS et directrice déléguée au Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof). Elle tente de cerner comment les jeunes perçoivent la guerre dans un contexte réel.
Cette recherche a été effectuée pour l’Institut de recherche stratégique de l’Ecole militaire et la direction générale des relations internationales et de la stratégie, deux institutions liées au ministère des armées. Entre février et décembre 2023, l’étude a examiné en détail comment les jeunes Français perçoivent les forces armées – de leurs perspectives des guerres présentes et à venir, à l’influence de leurs famille, école et jeux vidéo, jusqu’à leur volonté d’engagement et de résilience en temps de guerre.
Utilisant ses années d’expérience sur le lien entre les jeunes et les armées, Muxel a basé son étude sur un sondage Ipsos mené auprès d’un échantillon de 2 301 jeunes de 18 à 25 ans. Ce sondage, pour lequel elle a conçu le questionnaire, a été effectué en ligne entre juin et juillet 2023, soit plus d’un an après le déclenchement de la guerre en Ukraine, mais avant l’échec de la contre-offensive et les sombres prévisions actuelles. L’étude s’intéresse également à « la disparition de l’antimilitarisme ».
Mme Muxel estime que les récentes données indiquent une notable transformation de la perception qu’ont les jeunes sur le service militaire. En effet, au fil des ans, de nombreuses études ont mis en lumière l’attitude plutôt favorable des jeunes envers l’armée. Cependant, les résultats actuels révèlent une progression significative : plus de la moitié (51%) des jeunes interrogés affirment présentement être « prêts » ou « potentiellement prêts » à servir si la protection de la France impliquait une intervention militaire en Ukraine. Cela dit, seulement 17% d’entre eux sont sûrs de leur décision.
De plus, l’acceptation globale du service militaire augmente à 57% lorsque les jeunes sont questionnés sur leur volonté de rejoindre l’armée « en cas de guerre », sans mentionner spécifiquement le contexte ukrainien. Ces données sont cohérentes avec celles obtenues par Ipsos lors d’un sondage effectué en février 2023. Selon cette enquête, les jeunes de moins de 35 ans étaient déjà « nettement plus favorables » à l’envoi de troupes françaises en Ukraine, contrairement aux personnes âgées de 50 ans et plus, pour qui seuls 17% étaient en accord.
Selon Mme Muxel, ces indicateurs confirment un « ressurgissement du patriotisme » qui « va au-delà des simples frontières nationales et fait appel à un altruisme moral ». Elle explique que ces caractéristiques font partie des nouveaux codes d’engagement des jeunes d’aujourd’hui. Elle ajoute également que ces résultats soutiennent l’idée d’une « éclipse de l’antimilitarisme qui prévalait jadis parmi les jeunes générations », suite à l’introduction de la conscription.
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