Après plus de trois semaines de crise, une grève a été lancée en mars par le Syndicat mixte de gestion de l’eau et de l’assainissement de la Guadeloupe (SMGEAG), dirigée par les membres du syndicat UNSA. Selon Béatrice Simion, déléguée syndicale qui a partagé ses observations avec Le Monde, la situation interne laissait à désirer. Trois jours après le début de la grève, au moment où les résidents de la Guadeloupe s’efforçaient de stocker de l’eau en prévision d’un pénurie supplémentaire à cause de la grève, plusieurs actes de vandalisme ont été commis sur différentes parties de l’île, endommageant plusieurs conduites d’eau, y compris l’une des principales.
Le résultat ? Pour plusieurs jours, 130 000 ménages ont été privés d’eau, affectant le bon fonctionnement des infrastructures de santé, dont l’hôpital universitaire. Le coût total de la gestion de cette crise pour le SMGEAG s’est élevé à environ 600 000 euros, entre les coûts des travaux de réparation d’urgence, la distribution de l’eau en bouteille, et d’autres dépenses logistiques, dont une partie a été supportée par les services gouvernementaux. Deux enquêtes ont été ouvertes pour « destructions aggravées et mise en danger de la vie d’autrui » par les deux procureurs de la République de l’île.
Le service de communication du SMGEAG signale que tout est revenu à l’ordre habituel en Guadeloupe, où la distribution d’eau est interrompue à intervalles réguliers. Daniel Marianne, secrétaire général de la commission de surveillance du SMGEAG, souligne amèrement que l’instauration de tours d’eau est la seule méthode de gestion de crise disponible. Il faut remarquer que bien que le SMGEAG ait été créé en 2021, la situation ne cesse de se détériorer. Un rapport de 2023 sur l’eau indique que le taux de gaspillage sur les réseaux a augmenté à 62%, bien qu’il ait amélioré de 2,9 points en 2020 (60,4%), avant de connaître une petite augmentation en 2021 (61,7%).
Certains problèmes concernent les impayés en hausse. Le taux de réparation des fuites d’eau, fixé à 7 000 par an, demeure lent. Selon des bilans techniques internes de janvier 2023, le rythme quotidien de réparations était descendu de dix-huit à six fuites, avant d’augmenter à une trentaine par jour. « En février 2023, il n’y avait que deux réparations par jour », signale le préfet de région Xavier Lefort. Ces problèmes ont pour conséquences la baisse de pression sur le réseau qui a diminué en 2023, fragilisant la distribution d’eau potable et le paiement des factures. Par conséquent, la capacité du syndicat à recouvrer les dettes est diminuée, alors que c’est « une priorité pour augmenter la capacité de financement du syndicat », note M. Lefort.
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