Le soir du 10 avril, dès minuit, le fonctionnement des mines de la Société Le Nickel (SLN) situées en province Nord a subi une suspension. Les opérations minières et le tri du minerai ont cessé, les 750 employés de ces mines (représentant environ un tiers des 2359 employés de la SLN) ont dû se consacrer à la sécurisation des sites en attente d’un éventuel accord. Cet accord est prévu entre l’entreprise et Paul Néaoutyine, le président notoire de la province Nord de la Nouvelle-Calédonie, connu pour ses ambitions indépendantistes. Cette situation survient dans le contexte de la crise du nickel, qu’avait promis de résoudre par un nouveau « pacte » Bruno Le Maire, le ministre de l’économie. Le tout sur fond d’une crise politique en Nouvelle-Calédonie avec des tensions autour du gel du corps électoral. Une manifestation d’environ 20 000 personnes (indépendantistes et non-indépendantistes) est prévue à Nouméa ce samedi.
Paul Néaoutyine, un leader discret mais résolu, a exigé mercredi que la SLN fournisse les garanties financières requises pour l’exploitation de ses neuf sites miniers en province Nord pendant quatre ans. Ces garanties, d’un montant de 30 millions d’euros pour la seule province Nord (et 52 millions pour l’ensemble des sites miniers SLN du territoire), sont censées couvrir les dommages environnementaux en cas d’accident ou de défaillance de l’entreprise.
Paul Néaoutyine est légalement obligé à arrêter certaines activités à la SLN, une entreprise déjà en difficulté financière. Malgré cinq mois de conciliation tentant de rétablir la situation de l’entreprise, la SLN n’a pas réussi à se redresser. Jérôme Fabre, le directeur général de la SLN, a alors révélé mercredi sa demande de placement sous mandat ad hoc au tribunal de commerce. Actuellement, la trésorerie de l’entreprise ne lui offre pas un avenir dépassant la fin du mois de mai.
Malgré les annonces précédentes qu’Eramet, dont l’État détient 27 % des actions, ne soutiendrait plus sa filiale calédonienne, elle est intervenue pour aider la SLN, libérant des garanties pour seulement deux mois. Cela a conduit à l’arrêt immédiat des activités minières ordonné par Paul Néaoutyine. En réponse, Eramet s’est engagé, après un autre appel à l’aide, à garantir douze mois d’activité, contrairement aux quatre ans exigés par la province de la partie Nord.
La question de savoir si la SLN relève de véritables difficultés ou si elle est engagée dans des manoeuvres de négociation y a été soulevée. Tout en prévoyant la reprise des activités ce vendredi, sans attendre l’approbation de la province, la SLN a choisi de faire marche arrière en raison d’une lettre de Paul Néaoutyine et d’une possible contestation interne. Arnold Delrieu, secrétaire général adjoint du syndicat prédominant dans la mine, la CSTNC, a déclaré à la radio que les instructions avaient été données aux membres de ne pas reprendre le travail et de rester sur place, mais surtout de ne pas reprendre les machines. Plus tard, un communiqué intersyndical appelait la direction générale de la SLN et Eramet à respecter toutes les exigences réglementaires.
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