À quelques semaines des élections européennes, une annonce malvenue vient de tomber. Pour l’année en cours, le gouvernement a revu sa prévision de déficit, à 5,1 % du produit intérieur brut (PIB), au lieu des 4,4 % auparavant estimés. Cela déclenche la nécessité de réaliser 10 milliards d’euros d’économies supplémentaires en 2024, après que 10 milliards d’euros de crédits ont déjà été annulés en février. Cette nouvelle n’est pas bien accueillie par la majorité, déjà en désaccord sur la situation financière du pays et les mesures correctives à adopter.
La tension est perceptible, la finalisation du « programme de stabilité » a été conflictuelle. À un tel point que le Haut Conseil des finances publiques, qui doit donner son opinion, n’a pas reçu le document complet mardi soir, comme il aurait dû. Seules les données macroéconomiques ont été transmises, provoquant irritation et consternation au sein de l’organe.
On dit que les informations financières publiques n’ont été communiquées que mercredi, ce que Bercy nie. Le « programme de stabilité », qui détaille les prévisions de croissance et la voie financière que la France souhaite suivre pour les années à venir, sera présenté en conseil des ministres le 17 avril, puis envoyé à la Commission européenne dans les prochaines semaines.
Le déficit public est l’une de ces données. Le ministre de l’économie plaidait pour 4,9 %, quitte à adopter une loi de finances rectificative cet été, mais l’Élysée et Matignon, après un tour rapide des ministères, se sont rendus compte que l’objectif était trop ambitieux sans coupes drastiques. Le chiffre est donc de 5,1 %.
Les préoccupations concernant la capacité du gouvernement à respecter son engagement de réduire le déficit à moins de 3% du PIB d’ici 2027 ont augmenté ces dernières semaines. Selon les informations publiées le mardi 26 mars par l’Institut national de la statistique et des études économiques, l’organe responsable de sa mesure en France, le déficit public en 2023 sera de 5,5%, bien supérieur aux prévisions initiales de 4,9%. De plus, la dette publique s’élève à 110,6% du PIB.
Bercy a également été forcé de revoir à la baisse ses prévisions de croissance pour 2024, passant de 1,4% à 1 %, un chiffre que bon nombre d’économistes considèrent toujours trop optimiste. La situation des finances publiques s’est considérablement détériorée depuis l’automne. Ceci est dû en partie à un ralentissement de la conjoncture économique, caractérisé par une augmentation progressive des taux d’intérêt, et à des revenus fiscaux bien en deçà des attentes – 21 milliards d’euros de moins que prévu. Le reste de cet article est réservé aux abonnés.
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