Jordan Bardella semble être dans son élément au marché couvert de Cambrai (Nord), interrogeant l’origine du poissonnier, prenant des vidéos pour le jeune Noah en convalescence après une opération, s’adonnant à des selfies et exprimant son désarroi face à une « nouvelle sauvagerie » qui gagne du terrain en France. Il semble préférer être là plutôt que sur un plateau de télé, confronté par ses adversaires qui soulèvent des questions sur ses votes concernant la Russie, son rôle invisible au Parlement européen, ses partenaires radicaux et les hésitations du Rassemblement national (RN) à propos des institutions européennes.
Le samedi 6 avril, Jordan Bardella a donc passé sa journée entre le marché et un meeting sur un terrain favorable, avant de décider de ne pas participer au deuxième débat des élections européennes, qui aura lieu le mercredi 10 avril sur France 24 et Radio France International (RFI).
Quant au premier débat, qui s’est tenu au Parlement européen de Strasbourg par Public Sénat, il avait délégué la tâche à Thierry Mariani, le député européen. Pour le prochain, c’est Fabrice Leggeri, numéro trois sur la liste Bardella et ancien directeur de l’agence européenne de surveillance des frontières, Frontex, qui prendra la relève. L’argument de l’emploi du temps restreint avancé par son équipe de campagne comme raison de son absence au débat organisé à Bruxelles, pendant une session extraordinaire du Parlement européen, n’est pas convaincant.
Le leader des sondages, connu pour être un brillant débatteur, est-il effrayé? « Je n’ai pas peur, je vous assure, » affirme-t-il lors d’une pause dans ses tournées de campagne, invoquant son propre programme électoral. « Je ne suis pas aux ordres des journalistes. Nous choisirons le moment de notre débat. (…) Notre stratégie est excellente et j’ai l’intention de la mener à bien, mais ce n’est pas à mes concurrents ou à des spectateurs de planifier mon programme de campagne ». Cependant, un mois auparavant, Jordan Bardella exprimait son impatience de discuter de sujets européens et de confronter des perspectives totalement différentes: « Je souhaite un débat électoral élevé et courtois. L’Europe le mérite ».
Depuis le début de sa campagne européenne en mars, Bardella ralentit sur la discussion de l’Europe et de son programme: il utilise les grands débats des organisations commerciales pour continuer à séduire les entreprises toujours sceptiques et utilise les nouvelles actuelles, la dette et les tragédies, pour critiquer le gouvernement Macron. Cependant, il promet d’être présent à « huit ou neuf débats », y compris plusieurs face à face, d’ici le 9 juin.
Le contexte actuel favorise largement le RN. Il reste 55,45% de cet article à lire. Le reste est réservé aux abonnés.
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