L’avenir de la Guyane française en Amazonie a été remis en question d’une manière inédite, compte tenu de l’événement imminent qui pourrait transformer la région : l’essor pétrolier spectaculaire du Guyana et, dans une certaine mesure, celui du Suriname, ses deux petits voisins. Cette avalanche anticipée de pétrodollars à nos frontières révèle déjà l’aggravation de la pauvreté locale, alors que ces nations se font de plus en plus riches. « Face à l’émergence de deux nouveaux mini-Qatars, il deviendra difficile de survivre », résume le sénateur majorité guyanais, Georges Patient.
Lors de son voyage récent en Guyane, puis au Brésil, du 25 au 29 mars, le président français n’a pas abordé la question sous cet angle. C’est au Brésil qu’Emmanuel Macron a décidé de mettre en avant sa « stratégie d’enracinement régional », principalement pour renforcer ses liens avec Lula da Silva, son homologue brésilien, et réparer la relation bilatérale brisée par l’ancien président, Jair Bolsonaro. Les enjeux guyanais ont été relégués au second plan face à ces préoccupations. « Le Guyana est largement négligée par l’État et les administrations locales de Guyane, malgré les opportunités et les risques qu’elle présente », déclare un haut fonctionnaire parisien informé sur le sujet.
Georges Patient, malgré sa satisfaction quant aux mesures présidentielles en faveur de l’industrie minière et de la pêche locale, regrette néanmoins cette omission. « La France n’établit pas de stratégie en Guyane, contrairement à ses actions dans l’Océan Indien, où elle cherche à maintenir sa position face à l’influence considérable de la Chine », affirme-t-il.
Dans l’attente de la confirmation de Total en 2024 concernant son intention de forer au Suriname, les élus de La Guyane aspirent à une dérogation à la loi Hulot de 2017 qui met fin à l’exploitation pétrolière en France. Ils aimeraient également que leur territoire tire parti de ses métaux précieux et des crédits de carbone attribués pour ses 84 000 km² de forêts.
« Le Brésil, le Suriname et le Guyana, affichant la plus grande croissance économique mondiale depuis trois ans, viennent de conclure un accord sur l’exploitation pétrolière et gazière. Il est clair que tout le plateau des Guyanes est en effervescence », fait remarquer Jean-Victor Castor, le député du groupe Gauche Démocrate et Republicain et une figure notable du mouvement indépendantiste guyanais. Il insiste aussi sur le fait que le gouvernement « maintient la Guyane dans une bulle, ce qui est illogique pour une région aussi grande que l’Autriche et qui se fait exploiter illégalement par d’autres. ».
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