Dans les couloirs de l’atelier Renault à Sandouville (Seine-Maritime), Bruno Le Maire, le ministre de l’économie, et l’ex-premier ministre Édouard Philippe, ont arboré des uniformes bleus rétro-futuristes qui les ont presque transformés en frères jumeaux. Leurs statures imposantes – 1,91 m pour Le Maire, 1,89 m pour Philippe – se remarquent particulièrement lorsqu’ils se penchent pour écouter une ouvrière de stature bien plus modeste.
L’analogie entre ces deux hommes ne se limite pas à leur apparence physique. Ce vendredi matin du 29 mars, les deux potentiels candidats aux élections présidentielles de 2027 – tous deux venus de la droite politique – souhaitaient utiliser cette visite pour promouvoir leurs idées sur la diminution de la dette nationale. Leur point commun : se refuser à toute augmentation des impôts alors que le gouvernement explore activement des moyens de générer des économies et des revenus suite à l’annonce d’un déficit de 5,5% du PIB en 2023, supérieur aux 4,9% attendus.
L’usine Renault de Sandouville, qui a failli fermer au début de la décennie 2010, est désormais mise en avant comme l’emblème du programme de réindustrialisation du gouvernement. Bruno Le Maire, a révélé que la société promet 550 nouvelles recrutements et un investissement de 330 millions d’euros pour les quatre prochaines années, grâce principalement à diverses décisions fiscales. Le Maire a déclaré que la réduction des impôts de production était un cadeau à l’industrie et aux travailleurs français, soulignant que cette mesure était urgente et serait renforcée.
Le ministre de l’économie n’a pas manqué de souligner qu’il est opposé à toute imposition des «superprofits» et des rachats d’action, arguant que cela handicaperait les employés qui sont également actionnaires. Il a fait valoir que ceux qui demandent une augmentation de la taxation des dividendes et de l’imposition forfaitaire unique ignorent le fait qu’ils augmenteraient les impôts des travailleurs actionnaires. Le directeur général de Renault, Luca de Meo, a écouté les commentaires, lui qui est prévu gagner environ 5 297 829 euros en 2023, dont 1,9 million proviendra des actions.
Alors que sa position est de plus en plus contestée au sein du gouvernement, l’occupant de Bercy trouve un allié en Edouard Philippe, le maire du Havre qui a fait le déplacement pour soutenir son collègue. « Je partage tout à fait l’opinion de Bruno Le Maire », a déclaré Philippe lors d’une conférence de presse à ses côtés. Le sujet du déficit public a été abordé lors de la réunion du bureau politique de son parti, Horizons, trois jours auparavant, le mardi 26 mars. Après avoir pris en compte les suggestions et commentaires de ses cadres, Edouard Philippe a réitéré sa ligne de conduite : s’opposer à toute nouvelle taxe qui, selon lui, affecterait inévitablement la consommation des ménages et la compétitivité des entreprises. Concernant une taxe sur les « superprofits » et les « superdividendes », il estime que celle-ci ne « serait pas à la mesure du défi » et se limiterait à « l’anecdote et au symbolisme », relate un membre de l’assistance.
La lecture de la suite de cet article est réservée aux abonnés, il reste encore 57.25% à découvrir.
Laisser un commentaire