Depuis quelques jours, une atmosphère inhabituelle s’est installée en Nouvelle-Calédonie, un territoire modeste d’environ 270 000 résidents. Malgré leurs divergences marquées, indépendantistes et non-indépendantistes ont réussi à collaborer quotidiennement depuis la ratification de l’accord de Nouméa en 1998. Cet accord a établi un gouvernement consensuel, représentant toutes les tendances politiques ayant des sièges au Congrès, le corps législatif de l’archipel.
Cependant, le jeudi 21 mars a marqué un changement radical. Ce jour-là, les élus du groupe Loyaliste (Renaissance) et du Rassemblement (Les Républicains) ont rompu avec le Congrès et le gouvernement local. Cette action est plus qu’une simple désertion politique. « Désormais, nous assisterons aux séances publiques de l’extérieur : sur les marches, devant vous », a déclaré Sonia Backès, à la tête des loyalistes et présidente de la province Sud, avant de quitter l’hémicycle.
Une semaine plus tard, cette déclaration a été mise en acte. Le jeudi 28 mars, 3 800 personnes se sont rassemblées devant le Congrès en soutien aux non-indépendantistes. Leurs revendications portent sur la fin des réformes fiscales initiées par le président indépendantiste du gouvernement, Louis Mapou, et sur un mécontentement général lié à la situation nationale.
Gérald Darmanin, le ministre de l’intérieur et des territoires d’outre-mer, qui est à 17 000 kilomètres de Nouméa, a lancé une réforme constitutionnelle. Cette dernière, actuellement en cours d’examen au Sénat, vise à changer le système électoral pour les élections provinciales car il n’a pas réussi à obtenir un accord local sur un nouveau statut pour le territoire. Cette réforme pourrait permettre à environ 40 000 personnes, qui ne peuvent actuellement pas voter, de participer. Celles-ci sont actuellement exclus car les élections sont réservées à ceux qui sont natifs ou résidents de longue durée.
Initialement, l’objectif de cette exigence était de protéger les revendications des indigènes et des indépendantistes en les empêchant de se perdre dans le vote de nouveaux arrivants sans véritable lien avec le pays. Cependant, avec le temps, ce sont les résidents qui ont vécu dans le pays pendant dix, vingt ou trente ans qui sont maintenant exclus de ce système électoral.
La modification propose donc un assouplissement de la condition de résidence pour permettre à plus de personnes de voter dans cette élection cruciale, qui détermine la représentativité au Congrès et qui est responsable de l’élection du gouvernement. Cette mesure est demandée depuis longtemps par les loyalistes, mais les indépendantistes s’y opposent. Pour ces derniers, le système électoral limité est un atout précieux lors des pourparlers sur le futur statut de la Nouvelle-Calédonie. En échange de sa modification, ils aimeraient que le droit à l’autodétermination soit maintenu et qu’un nouveau référendum sur l’indépendance soit organisé.
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