« Nicolas Sarkozy avait autrefois fait de la non-augmentation des impôts son dogme. Il avait affirmé, il y a presque quinze ans jour pour jour, « Je n’ai pas été élu pour accroître les taxes. » Son gouvernement, préoccupé par l’impact de la crise financière sur la trésorerie nationale, envisageait de s’attaquer au « bouclier fiscal », une législation phare de son mandat, et pensait même imposer une taxe exceptionnelle sur les hauts revenus. Cependant, le président dut se rétracter avant la fin de son quinquennat et abandonner le bouclier fiscal, symbole du sarkozysme victorieux.
Emmanuel Macron a également soutenu la stabilité fiscale comme un principe fondamental, malgré des pressions constantes au sein de son gouvernement pendant sept ans. Comme en 2009, la condition des finances publiques, alourdies par deux crises consécutives et des réductions d’impôts de plus de 100 milliards d’euros, replace cette question au premier plan du débat politique.
« Je n’ai pas de dogme, mais deux principes essentiels. Le premier étant de ne pas accroître les taxes pour les classes moyennes », a déclaré le premier ministre, Gabriel Attal, lors du « 20 heures » de TF1, mercredi 27 mars. Le second principe: « Je n’augmenterai pas les impôts pour ce qui contribue à financer le travail des Français (…) Qui est-ce qui génère l’emploi ? En fin de compte, ce sont principalement les entreprises », a affirmé le premier ministre avant d’annoncer une réforme « globale » du système d’assurance chômage. »
Le dogmatisme fiscal peut-il perdurer lorsque les finances s’écartent de leur trajectoire prévue et que les réformes génératrices d’économies suscitent des désaccords politiques ? Alain Minc, auteur respecté et grand partisan de la politique de l’offre, préconise une hausse urgente des impôts dans un article de L’Obs daté du 7 mars. Il craint qu’en persistant dans cette doctrine, on soit contraint d’opérer une seconde vague de réductions aléatoires de crédits, avec des impacts néfastes sur la croissance économique et de possibles répercussions sociopolitiques négatives. Selon lui, il pourrait être pertinent d’augmenter la TVA (actuellement en dessous de la moyenne européenne) et de procéder à une hausse de la fiscalité pour les plus riches, sans pour autant toucher à la fiscalité du capital.
Le débat gagne du terrain au sein même de la majorité. Des personnalités telles que Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale sous l’étiquette Renaissance, et Sylvain Maillard, dirigeant du groupe de députés « En Marche », ont posé directement la question. Ils ont d’ailleurs évoqué ces questions lors d’un dîner portant sur les finances publiques qui s’est tenu à l’Elysée le mercredi 20 mars. Le reste de cet article est accessible uniquement aux abonnés.
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