Lors des élections présidentielles de 2022, Emmanuel Macron avait promis aux électeurs de Guyane de continuer le projet de désenclavement de l’Ouest et de l’intérieur du pays. Parmi les promesses figurait celle de la construction de « la route du fleuve », qui devrait connecter Apatou à Maripasoula, une distance de 180 kilomètres à travers la forêt amazonienne, le long de la frontière fluviale avec le Suriname.
Cependant, deux ans après ces engagements, les habitants de Grand-Santi, Papaichton et Maripasoula n’ont pas eu de nouvelles concrètes sur ce projet. Le manque d’accès routier à la côte, où vivent 90% des 300 000 Guyanais et où se trouvent la majorité des services, limite la population de l’intérieur à se déplacer uniquement par avion et pirogue.
L’année 2023 a vu l’interruption du service aérien régulier en raison de la faillite d’Air Guyane le 1er octobre. Malgré la reprise du service par une nouvelle compagnie en décembre, entretemps, la Collectivité territoriale de Guyane (CTG) et l’État ont dû affréter un avion pour pallier à ce manque. Cependant, le transport par pirogue a lui aussi été affecté par la baisse du niveau des eaux du fleuve dû à une saison sèche particulièrement intense cette année. Cette situation a rendu la navigation plus dangereuse, ce qui a tragiquement cause le décès de quatre enfants lors d’un naufrage le 23 décembre. « Il s’agit d’une question de vie ou de mort ».
Philippe Dekon, entrepreneur à Maripasoula et président de l’association Apachi, exprime son mécontentement sur la situation de deux mois où les déplacements étaient devenus un défi considérable, se sentant comme pris en otage. Apachi, qui signifie « route » en aluku, une langue bushinengue tenue par les descendants d’esclaves marrons du Suriname, est un collectif fondé en 2022 par des résidents locaux qui affirme avoir engagé plus de 400 sympathisants. Le groupe est à la tête du mouvement revendiquant le désenclavement routier en Guyane et a organisé plusieurs réunions qui ont conduit à un accord signé le 28 octobre 2023. Cet accord a ensuite donné naissance à une commission ad hoc, créée par la CTG, pour continuer le travail.
Sophie Charles, maire de Saint-Laurent-du-Maroni et présidente de la Communauté de communes de l’Ouest guyanais (CCOG), qui regroupe les municipalités du Maroni, défend la nécessité de la route du fleuve pour le développement du territoire. Elle raconte combien il est dangereux de collecter les ordures en pirogue sur le fleuve, surtout durant les basses eaux où l’un des bateaux a failli chavirer, soulignant que la vie des personnes est en jeu.
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