Le mercredi 20 mars, à un peu plus de 21 heures, le président a convoqué une réunion à l’Elysée, dans le salon des ambassadeurs. Au rendez-vous figuraient son Premier ministre, Gabriel Attal, les leaders de son parti et plusieurs ministres, dont Bruno Le Maire (économie), Gérald Darmanin (intérieur), Catherine Vautrin (travail, santé et solidarité), Stéphane Séjourné (affaires étrangères), Christophe Béchu (transition écologique) et Thomas Cazenave (comptes publics). L’absent notable était Edouard Philippe, le chef du parti Horizons, qui était en déplacement en Nouvelle-Calédonie.
Cette réunion, qui avait des allures de cellule de crise improvisée, avait pour enjeu la situation financière déplorable du pays et le contexte politique paralysant. Avec moins de trois mois jusqu’aux élections européennes du 9 juin, la liste conjointe Renaissance-MoDem-Horizons est encore surpassée par plus de dix points par la liste du Rassemblement national (RN). Le président a exhorté ses collègues à mobiliser leurs efforts, non à discuter de la situation. Il a rappelé que le contexte était encore pire en 2019, mais qu’ils ont maintenant une responsabilité historique pour réussir car l’avenir de la civilisation européenne est en jeu. Il a recommandé de mettre en valeur les accomplissements européens avant de dévoiler le programme prévu. Il a souligné l’importance de présenter quatre propositions majeures et a insisté sur le fait qu’il était impératif de saisir cette opportunité historique. Au milieu de ce discours sérieux, les leaders de la majorité écoutaient attentivement, sans interrompre, devant un délicieux plateau de fruits de mer. Il a été constaté que l’approche initiale d’attaque constante contre le RN n’a pas abouti aux résultats espérés.
Lorsque Emmanuel Macron entre dans la phase plus complexe du repas qui concerne les finances de l’État, la nuit commence à s’allonger. C’est la première fois qu’il invite les figures clés du gouvernement et de la majorité pour discuter des débordements budgétaires publics. Il a toujours pensé que c’était principalement l’économie qui, par l’intermédiaire de la croissance, devrait équilibrer les finances nationales. Thomas Cazenave, s’apprêtant à manger ses crevettes et bulots, se souvient probablement de ce que Gérald Darmanin, qui a occupé le poste de 2017 à 2020, lui a dit lors de sa nomination en 2023 : « Bonne chance, le président ne se préoccupe pas vraiment de ton dossier. » Mais Emmanuel Macron est confronté à une situation financière qui s’est considérablement détériorée depuis le début de l’année.
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