Franck Riester, le ministre du commerce extérieur, a multiplié ses apparitions dans les médias ces derniers temps pour défendre la ratification du Comprehensive Economic and Trade Agreement (CETA), un accord de libre-échange entre la France et le Canada. Pour rappel, cet accord, qui abolit presque tous les droits de douane entre l’Union européenne (UE) et le Canada, est en vigueur partiellement depuis 2017. Jeudi 21 mars marquera le vote du Sénat sur cet accord, cinq ans après le vote de l’Assemblée nationale.
En pleine crise agricole et à l’approche des élections européennes, le texte fait une réapparition sur le devant de la scène parlementaire grâce au groupe communiste au Sénat qui l’a inscrit dans son ordre du jour. Jusqu’à présent, la chambre dirigée par Gérard Larcher a vainement demandé à pouvoir débattre de cet accord à l’exécutif. Cécile Cukierman, présidente du groupe communiste au Sénat, souligne l’importance du débat parlementaire sur les accords de libre-échange. Elle ajoute que le problème actuel de la crise agricole profonde en France s’est greffé à cette question et nécessite une réponse.
Dans le Palais du Luxembourg, s’élabore un groupe temporaire composé de partis de droite et gauche, voulant soutenir le mouvement paysan mécontent, face aux indécis du parti centriste et aux adeptes de Macron. Bruno Retailleau, chef des Républicains (LR), bien que favorable au commerce libre, s’efforce de bloquer l’approbation du CETA. Il vise à transmettre une double admonition au gouvernement, qui a snobé le Sénat, et à la Commission européenne pour montrer que notre agriculture ne doit pas être manipulée pendant les négociations cachées sur le Mercosur. En même temps, le sénateur socialiste de Seine-Maritime, Didier Marie, critique l’accord pour être « ancien » et pour ignorer les normes sanitaires et environnementales européennes.
Certains membres du côté présidentiel sont favorables à l’approbation du CETA mais cela ne fait pas consensus parmi la majorité sénatoriale droite-centriste. Pour le retarder, le groupe centriste défendra une motion jeudi afin de renvoyer le texte en commission. «Il n’est pas approprié de débattre du CETA en ce moment. Il faut aborder ce sujet avec sérieux, pour ne pas alimenter les détracteurs de l’Europe», se plaint son chef, Hervé Marseille, également à la tête du parti de l’UDI, qui a récemment rejoint l’équipe présidentielle pour les élections européennes.
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