La salle de réception du palais présidentiel de l’Elysée est désormais déserte. Le 16 janvier, le mardi, le président Emmanuel Macron se dirige vers le salon des portraits pour partager un verre d’adieu avec ses ministres et conseillers. Après avoir tenu une conférence de presse, le président a terminé un grand chambardement marqué par l’arrivée de Gabriel Attal, 34 ans, à Matignon le 9 janvier. Ce mouvement a été interprété comme le symbole d’une audace rénovée et par le retour de certaines figures emblématiques de la droite sarkozyste dans un gouvernement qui perd son aile gauche. La nécessité de redresser un mandat perçu comme stagnent devient pressante.
Se sentant curieux, il demande, « C’était bien, non ? » Son conseiller en mémoire, Bruno Roger-Petit, exulte. Cette « rencontre avec la nation » est en quelque sorte son apogée. Emmanuel Macron, ayant fait mention de son passage à « la laïque » devant les journalistes, vient d’annoncer la généralisation de l’uniforme, le retour de l’éducation civique à l’école et la mise en place d’un substitut au service militaire, le service national universel.
Ce sont autant de réminiscences désuètes d’une France d’antan, colorées comme un « Polaroid Kodak des années 1960 » pour lequel les Français auraient une « nostalgie », selon celui que tous au palais appellent « BRP ». Depuis des mois, l’ancien journaliste politique et sportif de 61 ans plaide pour répondre aux appels du peuple français à la « préservation » et à la « régénération », ressentis comme une profonde « dépossession ». Selon lui, la France souhaite « reprendre le contrôle » de son destin.
« Il a pris de l’épaisseur »
Alors que la nuit s’étend, Brigitte Macron, la Première Dame, se glisse silencieusement dans la salle des portraits. Elle adresse un signe de tête à Rachida Dati, qui vient d’être nommée ministre de la culture, et Eric Dupond-Moretti, le garde des sceaux, dont elle est une fervente partisane lors de chaque réaménagement. Elle aussi, est rayonnante, enchantée par le nouvel ensemble qui soutient son époux.
C’est la victoire de « l’aile Madame », l’aile est du palais réservée aux premières dames, où Brigitte Macron a établi ses quartiers en 2017, accompagnée par deux conseillers, Pierre-Olivier Costa (aussi connu sous le diminutif « Poc »), qui est parti en 2022, et Tristan Bromet, ainsi qu’un nouvel arrivant, Bruno Roger-Petit. L’ancien éditorialiste du magazine hebdomadaire Challenges, qui faisait la une des actualités nocturnes d’Antenne 2 il y a une trentaine d’années, a emménagé dans l’ancienne sacristie, voisine de la chapelle rénovée sous Napoléon III fréquemment visitée par Yvonne de Gaulle.
Un emplacement stratégique : après une montée d’escalier, il entre dans le salon d’angle, l’un des deux bureaux du président; un détour par un couloir, et il se retrouve dans le salon des Fougères, où travaille la première dame. Dans son repaire, une photo le représente coincé entre « Emmanuel » et « Brigitte », assis parmi les replis d’un canapé Paulin ; ils rient tous les trois.
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