« Relance, puissance et appartenance».
Emmanuel Macron a présenté ses priorités pour la présidence française du Conseil de l’Union européenne (FSUE), qui débutera le 1er janvier 2022 et durera six mois.
Macron énonce les questions clés pour la présidence française du Conseil de l’UE
Pendant cette période de présidence, la France aura pour mission de réunir les 27 ministres européens pour traiter de plusieurs questions clés. Il s’agit notamment de la gestion des frontières européennes, de la relance économique, de la réglementation des géants du numérique et du « Green Deal ».
Bouleversement climatique, révolution numérique, inégalités, enjeux migratoires, tentatives de déstabilisation des démocraties : face aux crises, nombreux sont ceux qui voudraient ne s’en remettre qu’aux seules Nations. Je crois tout l’inverse, au besoin de nous unir. Européens. pic.twitter.com/S0enwQta64
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) December 9, 2021
La réforme de l’espace Schengen
« L’Europe souveraine c’est une Europe capable de maîtriser ses frontières ».
C’est ainsi que le chef de l’État a commencé, faisant notamment référence à la crise entre les frontières biélorusse et polonaise.
« Pour éviter que le droit d’asile, inventé sur le continent européen, ne puisse être dévoyé, nous devons retrouver une organisation politique capable de défendre ses valeurs ».
Pour Macron, une réforme est donc nécessaire, qui s’appuiera sur deux éléments fondamentaux :
- « Une organisation et un pilotage politique à travers des réunions régulières des ministres en charge de ces questions »
- « Un mécanisme d’urgence aux frontières en cas de crise ».
Un système d’assistance entre les États membres sera donc mis en place, ce qui se traduira par une augmentation du nombre de policiers, de gendarmes et d’équipements.
Le Président veut travailler avec « les pays d’origine [des migrants] et les pays de transit » pour « lutter contre les trafics, harmoniser les règles en matière d’asile et accompagner les réfugiés ou migrants ».
Définition de la boussole stratégique
« Cette présidence sera un moment de définition de ce que nous avons appelé la boussole stratégique », a déclaré Emmanuel Macron.
La « boussole stratégique » est un document (présenté sous la présidence allemande) pour la construction d’un système de défense commun embryonnaire de l’UE complémentaire à l’OTAN. C’est un document qui contient également un guide d’action, avec des mesures concrètes et des calendriers.
Ce projet sera achevé « lors de la présidence française du Conseil européen du mois de mars », a précisé Emmanuel Macron.
Il en résultera une nouvelle stratégie européenne de souveraineté, qui permettra de définir des partenariats et des exercices communs, ainsi qu’une organisation commune « sur les nouveaux espaces de conflictualité que sont l’espace maritime, le spatial et le cyber ».
Un sommet entre l’Union africaine et l’UE
Un autre point important concernant les liens avec l’étranger sera de renforcer les relations avec l’Afrique.
« Depuis mon mandat, j’ai fait de la relation avec l’Afrique une priorité », a rappelé le Chef de l’Etat.
En février, un sommet entre l’Union africaine et l’UE se tiendra à Bruxelles, réunissant les dirigeants des deux pays.
« L’objectif de ce sommet est de refonder en profondeur la relation [entre les deux continents]. Elle doit s’appuyer sur plusieurs axes que nous avons préparés ces derniers mois. Refonder un New Deal économique et financier avec l’Afrique », a précisé le président.
Réglementation des géants du numérique
Une autre question concerne la réglementation des géants du numérique.
« Il y a deux textes pionniers qui seront discutés avec le Parlement et sur lequel nous concentrerons la présidence française », a annoncé Emmanuel Macron.
La première est la DMA (Digital Markets Act). Son objectif est de réprimer les pratiques anticoncurrentielles des grands groupes de la Silicon Valley, en particulier Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft (appelés Gafam).
La seconde, la loi sur les services numériques, DSA (Digital Services Act), vise à lutter contre la fraude et les contenus illégaux sur Internet. Des plates-formes seront donc mises en place pour modérer la présence de contenus préjudiciables.
« Qu’il s’agisse d’antisémitisme, de racisme, de discours, de haine, de harcèlement en ligne, il n’y a pas aujourd’hui de régulation internationale sur ces sujets. Ce texte sera fondateur » a déclaré Macron.
Définir le nouveau modèle de croissance européen
Une autre question importante est certainement celle de la reprise économique après la pandémie de Covid-19.
« Il nous faut définir ensemble ce que sera 2030 », a déclaré le président.
Deux ans après le début de la pandémie de Covid-19, « nous organiserons le 11 mars en France un sommet exceptionnel des 27 chefs de gouvernement autour de ce sujet majeur qui est, au fond, de définir le nouveau modèle de croissance européen », a-t-il ajouté.
La croissance concernera plusieurs aspects :
- Création d’emplois pour éviter le chômage de masse
- Défense
- Santé
- La culture et les industries culturelles et créatives
- Construire des secteurs industriels forts (hydrogène, batteries, espace, semi-conducteurs, etc.).
D’ici mars, de nouvelles alliances industrielles et une série de plans d’investissement européens seront présentés pour atteindre ces objectifs.
Projet « Green Deal »
Mais cette croissance économique, a rappelé Macron, ne doit pas oublier l’environnement.
Le président a rappelé le projet « Green Deal », présenté par la Commission européenne en juillet 2021. L’objectif est de parvenir à la neutralité climatique d’ici à 2050 et de réduire les émissions de gaz à effet de serre de l’UE de 55 % d’ici à 2030.
L’exécutif européen a donc imaginé un certain nombre de moyens pour atteindre cet objectif :
Tout d’abord, la définition d’un seuil d’émissions de gaz à effet de serre au-delà duquel une activité économique est considérée comme trop polluante. Si un bien importé de l’UE dépasse ce seuil, il sera soumis à une taxe supplémentaire.
Un autre moyen pourrait être la proposition faite par Macron concernant la création d’un « instrument européen de lutte contre la déforestation importée ». Ça « visera à interdire l’importation dans l’Union européenne de soja, bœuf, huile de palme, bois, cacao, café, quand ils contribuent à la déforestation » dans leurs pays de production, a-t-il insisté.
Le Smic
Le président français a également déclaré qu’il souhaitait mettre en œuvre une directive sur les salaires minimums. Pas un salaire minimum européen commun, mais un salaire minimum décent dans tous les États membres.
Dans l’Union européenne, les salaires minimaux mensuels varient de 332 euros brut en Bulgarie à 2 202 euros brut au Luxembourg, selon les données d’Eurostat. Bruxelles voudrait inciter à une augmentation des plus bas salaires minimums pour harmoniser les niveaux de vie dans l’UE.
Service pour les jeunes de moins de 25 ans
Enfin, il y a l’intention de créer « un service civique européen de six mois ouvert à tous les jeunes de moins de 25 ans pour un échange universitaire ou d’apprentissage, un stage ou une action associative ».
2022 sera l’année européenne de la jeunesse. Depuis quatre ans, j’agis pour ouvrir Erasmus à tous les jeunes Européens : nous l’avons élargi aux apprentis et nous avons déjà doublé le nombre de bénéficiaires. Et si nous allions encore plus loin ? Je le propose : pic.twitter.com/RX9VbYlWMy
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) December 9, 2021
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