Dans les grandes villes du pays, les écologistes gagnent avec le centre gauche. Le premier ministre Philippe gagne au Havre.
La France est teintée de vert et Emmanuel Macron prend une belle raclée : le second tour des municipales 2020 a conduit à la tête des grandes villes du pays des maires verts, soutenus par des coalitions de centre-gauche, dans de nombreux cas très larges (du petit parti centriste des radicaux de gauche jusqu’à la gauche radicale de Jean-Luc Mélenchon, en passant par les socialistes et les communistes, avec l’Eelv, l’Europe Ecologie Les Verts, en tant que pivot).
«Ce qui a gagné, c’est la volonté d’une écologie concrète, d’une écologie en action», a souligné Yannick Jadot, secrétaire d’Eelv. Oui, l’aspiration à un «monde nouveau» et durable, qui est aussi le fruit des mois de confinement. Mais les électeurs ont également voulu dire non à la politique du président en exercice. Son parti, la République en Marche, né en 2016, qui devait représenter une sorte de laboratoire politique pour le dépassement du «fossé entre droite et gauche», n’a jamais décollé depuis, surtout au niveau local. La formation avait déjà classé le premier tour des municipales, le 15 mars dernier, avec une défaite, pour ensuite se réduire au second dans les grandes villes pour soutenir le candidat des républicains (droite).
Municipales 2020 : les résultats
C’est seulement à Strasbourg qu’il restait en lice un macroniste, Alain Fontanel, là aussi avec le soutien des Républicains. Mais elle n’a pas réussi : maire de la capitale alsacienne sera une verte, Jeanne Barseghian. Au contraire, c’est le Premier ministre Edouard Philippe qui a remporté le Havre, sa ville d’origine, mais qui n’est pas inscrit à la République des Marches. Les écologistes sont aussi les maires élus à Besançon (Anne Vignot) et à Bordeaux (Pierre Hurmic). Quant à Lyon, troisième ville de France, ancien fief du macronisme (riche et industriel, où le credo « liberal » de Macron avait pris place immédiatement, pendant la campagne présidentielle de 2017), il passe à un maire écologiste, Grégory Doucet, qui prend la place de Gérard Collomb, un temps socialiste puis devenu une sorte de «père» politique pour Macron.
Pendant ce temps, Michèle Rubirola, écologiste, médecin dans les quartiers pauvres de Marseille, a réussi à l’éclore dans la deuxième ville du pays. Alors qu’à Lilla Martine Aubry, socialiste, maire depuis 2001 (ici le candidat vert n’a pas réussi à faire coalition avec le Parti socialiste), elle aurait réussi à s’imposer sur le vert Stéphane Baly, mais seulement d’un souffle. Une autre socialiste a gagné, Anne Hidalgo, confirmée à la tête de Paris, mais grâce à une alliance avec les verts et les communistes et un programme écologiste.
Globalement, les résultats du Rassemblement National, le parti de Marine Le Pen, ont été décevants. Mais Louis Aliot, déjà son compagnon de vie et le conseiller politique qui l’a poussé à prendre la route d’un dédouanement de l’extrême droite pure et dure, a réussi à se faire élire maire à Perpignan, ville de 120000 habitants aux frontières avec la Catalogne. L’abstention, cependant, dans toute la France a été forte, estimée à 59% des électeurs. Celui d’hier est considéré comme un vote de protestation, surtout contre Macron. Mais si l’on songe aux manifestations animées des gilets jaunes ou à la réforme des retraites de l’hiver dernier, les Français semblent plus enclins à protester dans les rues que dans les urnes.
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