Le Niger a demandé le retrait immédiat des forces américaines de son sol, sept mois après avoir demandé aux militaires français de faire de même. Cette annonce a été faite par le colonel Amadou Abdramane, porte-parole du régime militaire en place depuis juillet 2023, le samedi 16 mars. Il a précisé à la télévision nationale que le gouvernement du Niger avait pris cette décision en tenant compte des souhaits et des intérêts de sa population. Le gouvernement a également annoncé son intention de révoquer immédiatement l’accord régissant le statut des militaires américains et des employés civils du département de la défense américain présents au Niger. Une note diplomatique à cet effet sera envoyée à Washington.
Cette décision intervient deux jours après le départ d’une délégation américaine de haut niveau de Niamey, suite à une visite qui a été un échec. La sous-secrétaire d’État chargée des affaires africaines, Molly Phee, la sous-secrétaire d’État à la défense, Celeste Wallander, et le général Michael Langley, chef du commandement des États-Unis pour l’Afrique (Africom), n’ont pas réussi à rencontrer le général Abdourahamane Tiani, leader de la junte, malgré l’extension de leur visite de vingt-quatre heures. Ils ont dû se contenter de discuter avec le premier ministre. Le porte-parole de la junte a justifié cette situation en évoquant le non-respect des protocoles diplomatiques par la délégation américaine et l’attitude hautaine et les menaces de représailles de Molly Phee.
Lors de sa seconde visite au Niger après le coup d’État, l’ambassadrice américaine s’est mise à redéfinir les conditions de la station des soldats américains stationnés uniquement à Agadez. Cette base joue un rôle crucial dans la politique américaine dans cette région, servant à des missions d’information et d’antiterrorisme au Sahel et au Sahara. Le temps pressait, en effet, un article publié par The Intercept en août 2018 indique que le contrat de dix ans autorisant les USA à utiliser la base d’Agadez expirera en 2024. La junte a dénoncé cet accord comme étant « injuste » et « imposé unilatéralement par une simple note verbale », le 16 mars. Elle a affirmé que la présence des troupes américaines était « illégale », critiquant également les « survols illégaux » du territoire nigérien « par des avions américains ».
Partenariat renforcé avec les Russes
Le général Tiani a fermé toute possibilité de reprise de la coopération militaire avec les États-Unis, qui avait été suspendue après le coup d’État. Molly Phee avait ouvert la voie suite à cet accord en décembre 2023. La sous-secrétaire d’État aux affaires africaines avait conditionné cette coopération par l’adoption d’un calendrier de retour à l’ordre constitutionnel. Les pays occidentaux ont également demandé à plusieurs reprises la libération du président déchu, Mohamed Bazoum, et de son épouse, toujours détenus par l’armée. Leurs demandes ont été vaines.
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