L’accord pour un rapprochement économique de l’Ukraine avec ses voisins européens n’a pas été signé par l’ex-république soviétique.
L’Union européenne n’a pas convaincu l’Ukraine de signer vendredi un accord historique scellant son rapprochement avec l’Ouest, face à l’intense pression de Moscou sur la principale des anciennes républiques soviétiques.
« Malheureusement, il semble que les arguments » en faveur de la signature « n’aient pas atteint le président » Viktor Ianoukovitch, a déclaré jeudi soir à l’AFP la présidente lituanienne Dalia Grybauskaité
« Jusqu’à présent, les positions n’ont pas changé », a-t-elle ajouté à l’issue d’un dîner entre les chefs d’Etat et de gouvernement des 28 Etats de l’UE et les six anciens membres de l’URSS regroupés au sein du Partenariat oriental.
Outre l’Ukraine, ce sont la Géorgie, la Moldavie, l’Arménie, l’Azerbaïdjan et le Belarus.
« Il y a peu de chance » que l’accord soit signé vendredi, a confirmé une source diplomatique.
Les Européens risquent donc de devoir se contenter de parapher deux accords d’association, avec la Géorgie et la Moldavie. Mais leur signature définitive n’est pas attendue avant plusieurs mois, et des pressions russes ne sont pas à exclure d’ici là pour tenter une nouvelle fois de faire capoter ces accords.
L’Arménie s’est déjà détournée de l’UE en septembre quand elle a annoncé qu’elle rejoignait l’Union douanière créée par la Russie.
Devant les Européens, M. Ianoukovitch a exposé jeudi les graves problèmes économiques de son pays, en demandant une nouvelle fois qu’ils soient résolus « ensemble par l’UE et par la Russie », selon Mme Grybauskaité.
Il est donc resté inflexible sur cette proposition de dialogue tripartite que l’UE avait pourtant refusé dès la semaine dernière. « C’est comme si on invitait la Chine aux négociations avec les Etats-Unis », a ironisé un diplomate européen.
Il n’a pas non plus entendu les arguments des Européens, notamment des nouveaux venus de l’Est, sur les bénéfices que Kiev pourrait tirer d’un rapprochement avec l’UE, particulièrement pour son développement économique et commercial.
L’accord d’association, assorti d’un large accord de libre échange, avait pourtant été négocié pendant cinq ans entre Kiev et Bruxelles, qui a déjà engagé des milliards d’euros en faveur de la modernisation politique et économique de ce pays de 46 millions d’habitants.
Mme Grybauskaité, qui accueille le sommet et veut encore croire au rapprochement de l’Ukraine avec l’UE, à l’image de celui des pays baltes il y a une dizaine d’années, a promis que les négociations allaient « se poursuivre jusqu’à la dernière minute ».
Mais son volontarisme n’est pas partagé. « J’ai peu d’espoir que cela aboutisse cette fois », avait déclaré à son arrivée la chancelière allemande Angela Merkel, qui doit s’entretenir avec M. Ianoukovitch vendredi matin avant la reprise des travaux du sommet. Le président français François Hollande doit faire de même en début d’après-midi.
L’UE affirme sans relâche que l’accord est non seulement toujours « sur la table » à Vilnius, mais qu’il le restera après, en suggérant qu’il pourrait encore être signé dans les prochains mois, notamment lors du sommet UE-Ukraine en février 2014.
Mais beaucoup de responsables pensent que si Kiev campe sur son refus vendredi, l’élan sera brisé pour de longs mois, voire des années. Non seulement pour l’Ukraine mais pour l’ensemble du Partenariat oriental, cette stratégie lancée en 2009 pour stabiliser et arrimer à l’Europe les ex-républiques soviétiques.
En Ukraine, l’ancien Premier ministre pro-européenne Ioulia Timochenko, dont la libération a toujours été une condition essentielle posée par l’UE, a appelé les dirigeants européens à « libérer l’Ukraine » en signant l’accord « sans condition ». « Faites encore un pas important vers la réunion complète de l’Europe », a-t-elle dit en dénonçant « des empires agressifs ».
Le revirement de Kiev la semaine dernière a déclenché la colère de l’opposition pro-européenne qui manifeste depuis plusieurs jours sur la place de l’Indépendance, au coeur de la capitale.
« Demain, nous verrons quelle route Ianoukovitch choisit pour l’Ukraine. S’il ne parvient pas à signer l’accord, nous ne pouvons pas prédire comment les gens vont réagir », a prévenu jeudi à l’AFP à Vilnius Evguenia Timochenko, la fille de l’opposante emprisonnée et ennemie jurée de M. Ianoukovitch.
Avec AFP.
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