L’opposition ukrainienne est une nouvelle fois dans la rue pour contester le rejet d’un accord d’association avec l’UE décidé in extremis par le gouvernement.
« L’offre de signer un accord d’association et une zone de libre-échange sans précédent est toujours sur la table », ont déclaré dans un communiqué les présidents du Conseil européen, Herman Van Rompuy, et de la Commission, José Manuel Barroso.
Tous deux ont dit « désapprouver fortement la position et les actions de la Russie », accusée d’avoir fait pression sur l’Ukraine.
Environ 15.000 personnes manifestaient dans l’après-midi à Lviv, dans l’ouest de l’Ukraine. Un nouveau rassemblement est prévu à Kiev à partir de 18H00 locales (16H00 GMT) sur la place de l’Indépendance, haut lieu de la Révolution orange, et des manifestants ont installé des tentes sur la place de l’Europe, près du siège du gouvernement.
Près de mille manifestants se sont rassemblés dans la matinée devant le siège du gouvernement au centre de la capitale, au lendemain d’un rassemblement qui a réuni des dizaines de milliers de personnes – la plus grande manifestation en Ukraine depuis la Révolution orange pro-occidentale de 2004.
Des manifestants qui tentaient de pénétrer lundi dans le bâtiment du gouvernement gardé par la police antiémeute ont été repoussés à coups de matraques et de gaz lacrymogènes. Après cette brève confrontation, les manifestants sont restés devant le siège du gouvernement où des échauffourées avaient déjà éclaté la veille. Les autorités ukrainiennes ont affirmé que les gaz lacrymogènes ne provenaient pas de la police, mais de manifestants.
Le leader du parti d’opposition Liberté, Oleg Tiagnibok, a au contraire affirmé que les débordements survenus lors de ces manifestations « pacifiques » avaient été « provoqués » par les forces de l’ordre.
Le dirigeant du parti d’opposition Oudar, le champion du monde de boxe Vitali Klitschko, a rejoint les manifestants près du siège du gouvernement, appelant à maintenir la pression contre le régime du président Viktor Ianoukovitch jusqu’au sommet du Partenariat oriental de l’UE jeudi et vendredi, au cours duquel un accord d’association avec l’Ukraine devait initialement être signé.
« Nous allons continuer de manifester tant que l’accord (d’association avec l’UE) ne sera pas signé », a déclaré M. Klitschko dans un porte-voix devant les manifestants. « Nous allons demander l’annulation de la décision du gouvernement et exiger sa démission », a-t-il ajouté.
Le gouvernement ukrainien a décidé brusquement la semaine dernière de renoncer à la signature de cet accord historique entre l’ancienne république soviétique et l’UE. L’opposition a aussitôt accusé le gouvernement d’avoir cédé à la pression de Moscou. La Russie, destination du quart des exportations ukrainiennes, presse l’Ukraine d’adhérer à l’Union douanière créée par Moscou avec d’autres ex-républiques soviétiques.
Au cours d’une séance houleuse devant le Parlement ukrainien la semaine dernière, le Premier ministre ukrainien Mykola Azarov avait affirmé que la décision du gouvernement était dictée « exclusivement par des raisons économiques » et ne remettait pas en cause l’orientation européenne du pays.
Dans une interview dimanche à la télévision russe, M. Azarov a déclaré que l’UE refusait de soutenir l’intégration financière de l’Ukraine en ayant promis seulement un milliard de dollars pour les sept prochaines années. Mais ses déclarations n’ont pas calmé la colère de l’opposition dont les dirigeants appellent à poursuivre la mobilisation.
Ioulia Timochenko, l’ex-Premier ministre et adversaire politique du président Ianoukovitch a appelé dimanche à accentuer la pression sur le gouvernement avant le sommet de l’UE. Elle purge une peine de sept ans de prison pour une accusation d’abus de pouvoir qu’elle dénonce comme une vengeance politique.
Dans une tribune au Financial Times lundi, l’ancien président ukrainien pro-occidental Viktor Iouchtchenko a estimé qu’en renonçant à signer l’accord d’association avec l’UE, les dirigeants ukrainiens s’étaient engagés dans « un jeu politique dangereux, barbare et malhonnête ».
Avec AFP.
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