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Les grandes puissances et l’Iran sont parvenues après une semaine de négociations à trouver un terrain d’entente offrant à la république islamiste la possibilité de poursuivre son programme nucléaire civile contre un certain allègement des sanctions économiques. « Maintenant, la partie vraiment difficile commence ». Tout juste arrivé de Genève à Londres, le secrétaire d’Etat américain John Kerry a précisé dimanche soir qu’il faudra faire « un effort pour obtenir un accord complet qui demandera d’énormes engagements en termes de vérification, de transparence et de responsabilité. »
L’accord conclu à Genève prévoit que « sur le stock d’uranium existant enrichi à 20%, l’Iran en retiendra la moitié en oxyde d’uranium pour fabriquer du combustible destiné au (réacteur de recherche civil iranien) TRR. Il diluera le (stock) restant à 20% d’UF6 (hexafluorure d’uranium, un gaz qui alimente directement les centrifugeuses d’uranium) à moins de 5% ». De plus Téhéran s’engage à ne pas enrichir de l’uranium à plus de 5% pendant six mois et à ne pas se doter de nouveaux sites d’enrichissement.
L’accord a été qualifié de « succès » par le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei et de « première étape importante » par le président des Etats-Unis Barack Obama. Le président français François Hollande y a vu « une étape vers l’arrêt du programme militaire nucléaire iranien ». Cet accord pourrait être « le début d’un accord historique pour les peuples et nations du Moyen-Orient et au-delà », a estimé le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon. « Une percée a été réalisée, mais seulement un premier pas sur un chemin long et difficile », a nuancé le président russe, Vladimir Poutine.
Ainsi le Congrès américain a déjà annoncé qu’il était favorable à de nouvelles sanctions renforcées contre l’Iran, sanctions qui n’entreraient en vigueur que si Téhéran ne respectait pas l’accord conclu à Genève. Prudent, le Canada a d’ores et déjà annoncé qu’il maintiendrait ses propres sanctions en attendant la signature d’un accord définitif. L’accord de Genève n’en constitue pas moins une avancée pour les experts, car il établit une gamme plus importante de contraintes et vérifications sur le programme nucléaire iranien.
Selon Bruno Tertrais, de la Fondation pour la Recherche Stratégique, basée à Paris, « c’est un accord qui permet de gagner du temps, puisqu’une grande partie du programme nucléaire iranien va être gelé pour six mois ». Le texte laisse toutefois une part d’ambiguïté qui permet des interprétations divergentes, incitant à la prudence, selon certains commentateurs.
« Tout bien considéré, le monde sera plus sûr avec cet accord que sans lui. L’Occident, néanmoins, ne doit pas baisser la garde », juge ainsi l’éditorialiste du Daily Telegraph à Londres. D’un côté le président iranien Hassan Rohani a affirmé que « le droit à l’enrichissement d’uranium sur le sol iranien a été accepté ». De l’autre, John Kerry a assuré au contraire que l’accord « ne dit pas que l’Iran a le droit à l’enrichissement, quoiqu’en disent certains commentaires en l’interprétant ».
« Ce que dit (le document), c’est que dans le cadre d’une solution complète, si nous atteignons le stade suivant de cette solution complète, l’Iran sera en mesure de jouir de ses droits fondamentaux à disposer de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques, ce qui impliquera ce que nous appelons un programme d’enrichissement mutuellement défini et limité aux besoins pratiques », a expliqué le chef de la diplomatie britannique William Hague.
A Washington, le président Barack Obama a assuré que cet accord « barre le chemin le plus évident » de la république islamique vers une bombe atomique. Il a pris soin de souligner les « énormes difficultés » persistant dans ce dossier qui empoisonne la communauté internationale depuis une décennie ajoutant que les sanctions « les plus sévères continueront d’être appliquées« .
Les Occidentaux et Israël soupçonnent Téhéran de dissimuler un volet militaire derrière son programme civil, ce qu’il nie. Cette question est au cœur des inquiétudes des pays occidentaux et d’Israël, qui craignent que l’uranium enrichi à 20% soit utilisé par l’Iran pour obtenir de l’uranium à 90% pour un usage militaire, malgré les dénégations de Téhéran.
L’Iran affirme que cet uranium est destiné à son réacteur de recherche et à des fins médicales. Le président Obama s’est efforcé de rassurer Israël en appelant dimanche le Premier ministre Benjamin Netanyahu. « Les deux dirigeants ont réaffirmé leur objectif commun d’empêcher l’Iran d’obtenir une arme nucléaire », a assuré le porte-parole présidentiel. Mais le Premier ministre israélien a dénoncé « une erreur historique » après que son bureau eût évoqué un « mauvais accord qui offre ce que l’Iran voulait: la levée significative des sanctions et le maintien d’une partie significative de son programme nucléaire ».
Les cours du pétrole se repliaient lundi matin en Asie, première région à négocier après la conclusion de l’accord ce week-end entre les grandes puissances et l’Iran, gros producteur pétrolier.
Avec AFP.
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