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7 juin 2013 8 h 44 min

USA : des millions d’Américains mis sur écoute par le FBI et la NSA

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Les services du renseignement américain recueillent les relevés téléphoniques de millions d’Américains et auraient des accès directs aux serveurs de grands groupes comme Google, Facebook ou encore Apple.

L’information, révélé par le Guardian et le Washington Post selon laquelle des millions d’Américains seraient surveillés par l’Agence nationale de sécurité (NSA) et par le FBI grâce aux relevés téléphoniques et grâce à des accès privés aux serveurs de géants du web a provoqué un véritable tollé dans la classe politique américaines et dans l’opinion.

L’existence de cette surveillance, mise en place à la suite des attentats du 11 septembre dans le cadre du Patriot Act, était fortement soupçonnée par de nombreuses organisations mais n’avait pas été officiellement confirmée par les autorités américaines.

C’est par la voix de James Clapper, directeur du renseignement américain, qui bien malgré lui, a confirmé cette information de la presse. Il a ainsi estimé que ces fuites pouvaient gravement menacer la sécurité du pays. Selon lui, ces révélations au public constituent « une menace potentielle à notre capacité à identifier et à répondre aux risques auxquels est confronté notre pays« .

Le quotidien The Guardian une ordonnance de justice secrète obligeant l’opérateur téléphonique américain Verizon à fournir à la NSA, sur demande du FBI, l’ensemble des données téléphoniques de ses abonnées en le mois d’avril et juillet 2013. Cette ordonnance judiciaire secrète a été rendue possible grâce au Patiot Act, loi antiterroriste votée sous la présidence de Georges W. Bush à la suite des attentats du 11 septembre 2001.

Certains parlementaires ont d’ailleurs confirmé l’existence d’un tel programme depuis 2007, mais qu’il ne concernerait que les appels et leurs durées, et non le contenu des conversations téléphoniques…

La Maison-Blanche réagit

De son côté, la Maison-Blanche n’a pas véritablement confirmé l’existence de cette surveillance, se contentant d’indiquer que ce programme était indispensable à la sécurité nationale et à la lutte contre le terrorisme. « La priorité numéro un du président est la sécurité nationale des Etats-Unis. Nous devons avoir les outils nécessaires pour faire face aux menaces posées par les terroristes« , a néanmoins admis Josh Earnest, porte-parole de la Maison-Blanche.

Ces données sont stockées dans les serveurs de la NSA, mais ne seraient vérifiées qu’en cas de forts soupçons. « Si un numéro correspond à un numéro terroriste (sic) appelé depuis un numéro américain (…) alors il peut être signalé, et ils peuvent demander une ordonnance de justice pour aller plus loin dans ce cas précis » a expliqué Saxby Chambliss, vice-président républicain de la commission du Renseignement du Sénat, au cours d’une conférence de presse.

Mais les deux quotidiens sont allés encore plus loin en assurant que les services du renseignement avaient des accès privilégiés aux serveurs de neuf grands groupes d’internet, dont Google, Facebook, Apple et Microsoft.

Google, Apple, Microsoft en collaboration avec la NASA ?

Ainsi, la NSA et le FBI pourraient consulter, et ce sans ordonnance judiciaire, la totalité des emails des internautes qui utiliseraient les services de messagerie proposés par ces sociétés, comme Gmail ou Hotmail, et pourraient aussi écouter les conversations des internautes, par le biais de service de discussion en ligne, comme Gtalk ou encore Skype. Les services du renseignement indiquent cependant que cette mise sur écoute ne seraient réalisée que s’il existe une probabilité « raisonnable » que l’un des correspondants se situe en dehors du territoire états-unien…

Bien évidemment, ces grandes sociétés du web ont nié en bloc l’existence d’une telle surveillance depuis leurs serveurs. Google a affirmé dans un communiqué qu’il n’y avait aucune « porte d’entrée cachée » disponible aux services fédéraux. Quant à Apple, le porte-parole de l’entreprise a assuré que Cupertino ne fournissait « aucun accès direct aux serveurs à des agences gouvernementales, et toute agence de ce type recherchant des données sur un client doit obtenir un mandat judiciaire« .

Une atteinte grave à la vie privée

Ces révélations ont provoqué l’ire des défenseurs des libertés individuelles aux Etats-Unis, pays qui reste très attaché à ces valeurs. Jameel Jaffer, appartenant à l’ONG American Civil Liberties Union (ACLU), a estimé que cette surveillance généralisée allait « au-delà d’Orwell« , en référence au livre d’anticipation 1984 écrit par Georges Orwell en 1949 et dans lequel chaque individu est placé sous surveillance, notamment grâce à des écrans installés dans chaque foyer.

Plusieurs parlementaires américains se sont élevés contre ce programme portant atteinte à la vie privée des citoyens américains. Le républicain Rand Paul a déclaré que « la saisie et la surveillance par la NSA de quasiment tous les clients de Verizon sont une attaque stupéfiante contre la Constitution« .