« Elle nous faisait peur. Elle disait : 'Si vous n’obéissez pas, il y aura l’enfer' ».
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Après de nombreuses plaintes de ses adeptes, le procès d’Éliane Deschamps, fondatrice du groupe de prière Amour et miséricorde, a débuté. La gourou est accusée d’ « abus de faiblesse » et risque jusqu’à cinq ans de prison et 750 000 euros d’amende.
« Amour et miséricorde » : « Si on n’obéissait pas, on était ostracisé »
Après les dénonciations de ses partisans, le procès d’Éliane Deschamps, fondatrice d’Amour et miséricorde, est ouvert. La femme, surnommée « la Servante » ou « la Voyante », prétendait voir la Vierge Marie le 15 de chaque mois, à minuit six minutes. C’est elle qui a fondé le groupe de prière en 1999.
« Éliane dirigeait tout », a affirmé Gwénola Boucher-Doigneau, une ex-adepte. Elle a déclaré que le gourou l’a même empêché de demander une péridurale pour son accouchement. « Je devais enfanter dans la douleur », a-t-elle dit.
Une autre ex-adepte, Brigitte Delecourt, a raconté sa douloureuse expérience de dix ans.
« J’ai eu une vie d’esclave pendant dix ans : je faisais le ménage tous les jours à fond, je faisais la cuisine, j’obéissais, j’étais en soumission totale, sous emprise ». « J’étais sous sa coupe. J’avais des barreaux dans la tête », a-t-elle ajouté.
« Elle nous faisait peur. Elle disait : ‘Si vous n’obéissez pas, il y aura l’enfer’ ».
La fille d’Éliane Deschamps, Magali Breux, a aussi témoigné, racontant les 10 années qu’elle a vécues dans la communauté, qu’elle a quittée à l’âge de 25 ans.
« C’était la mère abbesse. Quand elle voulait quelque chose, elle l’avait ». « Si on n’obéissait pas, on était ostracisé. Personne n’avait le droit de nous parler. On mangeait en bout de table. On était un suppôt de Satan », a-t-elle raconté en pleurant.
La famille de ce gourou maintenue par des adeptes
En outre, Éliane Descham obligeait ses adeptes à la soutenir financièrement.
Sa fille a déclaré à l’AFP qu’« elle dit que Jésus prend possession de son corps et qu’il lui dit que les adeptes doivent se détacher du bien qui leur est le plus cher, mais c’est un prétexte pour se faire servir par les adeptes ».
Elle a évoqué une « emprise » et a raconté que « les adeptes donnaient leurs bijoux, des tableaux… On ne pouvait pas s’enrichir sauf de la parole de Dieu donc on versait une pension tous les mois à Éliane, de 300 à 350 euros ».
Les dons ont également été importants, notamment le don de 5 000 euros de Brigitte Delecourt.
En bref, la « famille entière » d’Éliane Deschamps « était entièrement entretenue par les adeptes », a assuré la fille aînée.
Éliane Deschamps procès pour « abus de faiblesse »
Dès 2002, des plaintes ont été déposées par des proches des adeptes, avec lesquels ils ont été contraints de couper tout contact. Toutefois, l’affaire a été abandonnée en 2007.
Pourtant, le groupe, soupçonné de dérives sectaires par la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) en 2008, s’était installé dans le Jura.
Dans un rapport, la Mission a indiqué que les informations recueillies « attestent du comportement constitutif des pulsions privées » et « d’un processus d’emprise sur ses membres, de rupture avec l’environnement familial et social et de pressions financières ».
Une nouvelle enquête judiciaire avait donc été ouverte et en 2014.
En cette date, la gourou s’était aussi défendue dans le Journal de Saône-et-Loire : « nous ne sommes pas une secte et ne l’avons jamais été ».
Éliane Deschamps a donc été incarcérée et est jugée au tribunal correctionnel de Dijon depuis le lundi 22 novembre 2021 pour « abus frauduleux de l’ignorance ou de la faiblesse d’une personne par dirigeant d’un groupement poursuivant des activités créant, maintenant ou exploitant la sujétion psychologique des participants ».
10 parties civiles, 5 ans de prison, 750 000 € d’amende
Cependant, la femme n’est pas la seule à être accusée. Un complice présumé est également suspecté : Daniel Delestrac, 75 ans, ancien membre de l’Église de scientologie et ancien membre du même groupe.
L’avocat de Deschamps, Didier Pascaud, était à ses côtés pendant le procès. L’homme a déclaré que « il n’y a pas d’emprise ».
« Il n’y a rien dans ce dossier. Il n’y a aucune conséquence sur la santé morale et physique des plaignants », a asséné encore l’avocat, qui demandera la relaxe.
Mais dix parties civiles sont représentées dans le procès, qui se termine aujourd’hui. Les prévenus risquent jusqu’à cinq ans de prison et une amende de 750 000 euros.
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