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Le projet de loi visant à interdire les thérapies de conversion pour les homosexuels arrive à l’Assemblée nationale.
Les thérapies de conversion sont des pratiques qui visent à modifier l’orientation sexuelle ou l’identité de genre d’une personne. Celles-ci ont pour objectif de rendre les homosexuels hétérosexuels, « par une pratique de remise dans le droit chemin », explique Jean-Loup Adénor, journaliste et coauteur de Dieu est amour.
Ces pratiques sont nées dans les années 1950 aux États-Unis, et se sont répandues en France depuis les années 1990. On trouve ici deux groupes officiellement identifiés : Torrents de vie, un groupe évangélique, et Courage, un groupe catholique.
L’idée derrière les thérapies de conversion est que l’homosexualité est « une déviance née d’un traumatisme, et que le fait d’aimer une personne du même sexe n’existe pas » explique le journaliste Adénor, qui a infiltré Torrents de vie pour une enquête. Par le moyen de pratiques psycho spirituelles, l’objectif est de « guérir » les personnes LGBT+.
« C’est un mélange entre prières, exorcisme, groupes de parole »
« Ils assurent à ces personnes qu’ils peuvent guérir leurs blessures internes, précis Jean-Loup Adénor.
De nombreux adultes viennent volontairement dans ces groupes, convaincus que quelque chose ne va pas chez eux. Très souvent, ils sont influencés par la religion, qui prétend – pour la majorité – qu’il est mauvais d’être homosexuel.
Mais il y a aussi beaucoup de jeunes « envoyés par leurs parents très religieux »
Parmi eux, Benoit Berthe, représentant du collectif Rien à guérir, raconte son histoire.
Il dit avoir subi une thérapie de conversion de l’âge de 15 à 18 ans. En fait, lorsqu’il a annoncé à ses proches, catholiques pratiquants, qu’il était homosexuel, ceux-ci l’ont envoyé à la Communauté des béatitudes. Il y a participé à « retraites spirituelles », des sessions « guérison des blessures profondes ». Il est aussi obligé de s’entretenir avec son « père spirituel » sur des sujets très intimes, insistant sur sa « honte et culpabilité ».
« Le cocktail parfait pour faire une dépression ou avoir des idées suicidaires », souligne Benoit Berthe, qui a maintenant 32 ans.
Il y a plusieurs témoignages, également de croyants. L’un d’eux est Jean-Michel Dunand – aujourd’hui âgé de 55 ans – qui se souvient qu’un prêtre lui a proposé des séances d’exorcisme pour le « guérir » de son homosexualité.
« Jean-Michel est possédé pour le démon de l’homosexualité » il se souvient d’avoir entendu.
« C’était très violent. On s’adresse à vous, à votre corps, en disant au démon : Sors de ce corps-là » il raconte. Il a subi huit séances d’exorcisme. « On ne sort jamais d’une emprise comme celle-ci » il conclut.
Pendant longtemps, aucune étude n’a été menée sur le sujet et le nombre de victimes de ces thérapies de conversion n’a pas été évalué. Aucune plainte n’a été déposée à ce sujet. C’est parce que « Le phénomène d’emprise spirituelle est très mal pris en compte en France. » explique Jean-Loup Adénor.
C’est pourquoi le collectif Rien à guérir, créé en 2020, et des militants ont entamé une lutte pour amener le gouvernement à agir.
Et ces mesures sont arrivées. Laurence Vanceunebrock, députée de La République en marche, s’est saisie de la question en 2019. Des témoins ont été interrogés et un projet de loi a été rédigé après étude du phénomène.
En outre, en mai dernier, Élisabeth Moreno, ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, a affirmé que ces pratiques sont « strictement interdites en France » et qu’elles représentent « des atteintes à la dignité et à l’intégrité humaine totalement inacceptables».
A’ cause de COVID-19, la situation s’est arrêtée, mais le texte a été relancé en procédure accélérée et arrive ce mardi 5 octobre à l’Assemblée nationale. Le document parlementaire officiel indique que ce projet de loi vise à « interdire les pratiques visant à modifier l’orientation sexuelle ou l’identité de genre d’une personne ». Des mécanismes qualifiés de « torture » par les Nations unies
« Désormais, la définition d’une thérapie de conversion est écrite et marquée comme illégale. Un délit spécifique est créé et, grâce à cela, il y aura des outils législatifs efficaces pour punir ces pratiques. » déclare Berthe.
En fait, le projet de loi prévoit des peines de deux ans de prison et 30 000 € d’amende pour les auteurs de thérapie de conversion, et de trois ans de prison et 45 000 € d’amende dans le cas où la victime serait mineure.
Certes, des problèmes subsistent, mais cette proposition est d’une grande valeur pour les victimes, qui voient leur souffrance et le danger de ces pratiques reconnues. « Même si la reconstruction des victimes restera toujours difficile, au moins il y a une prise de conscience des institutions » souligne le représentant de Rien a guérir.
En raison du caractère secret de ces pratiques, et de la difficulté qui en découle d’identifier les zones où elles sont pratiquées, Jean-Loup Adénor estime qu’il est difficile d’y parvenir immédiatement.
« Mais ce qui est important, c’est qu’il y ait des instruments judiciaires pour que les victimes obtiennent réparation. »
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