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Ingrid Betancourt affronte ses ravisseurs des FARC pour la première fois depuis son otage, treize ans plus tard. Le politicien franco-colombienne a été enlevée et retenue pendant six ans dans la jungle colombienne par les FARC (Forces Armées Révolutionnaires de Colombie).
La réunion a lieu aujourd’hui mercredi 24 juin devant la Commission de la vérité, qui a été mise en place pour les accords de paix de 2016. Cet accord a été fondamentale pour la fin des cinq décennies de conflit armé entre les FARC et les autorités. Ainsi que la création de Commission, il a prévu la mise en place d’une juridiction spéciale pour la paix (JEP).
Ingrid Betancourt, aujourd’hui âgée de 59 ans, a été soumise à plus de 6 ans de dure prise d’otage pour sa candidature à la présidence de la Colombie en 2002. Elle a été enlevée le 23 février 2002 alors qu’elle était en campagne électorale, en raison de la longue bataille entre le gouvernement et les forces armées des FARC.
Elle a été libérée en 2008 lors d’une opération militaire par l’armée colombienne, avec 14 autres otages. Son enlèvement a attiré l’attention de tous les médias et le monde pour sa citoyenneté française.
Ingrid Betancourt devant la Commission de la vérité a critiqué les déclarations faites par les ex-guérilleros. Ils n’ont pas parlé “avec leur cœur” mais pour “la politique”.
“J’ai entendu avec émotion les histoires de mes frères de douleur (…) mais je dois vous avouer que je suis surprise que de ce côté de la scène nous pleurions tous et que de l’autre côté il n’y ait pas eu une seule larme”, a-t-elle dit.
Elle a ajouté aussi: “Tant que notre cauchemar n’appartient qu’à nous (…) nous serons toujours éloignés, incapables d’expliquer à la Colombie ce qui s’est réellement passé”.
Le FARC est maintenant un parti politique legal, sous le même acronyme mais appelé Force Alternative Révolutionnaire Commune. Il a pu le devenir grâce à l’accord de paix signé le 26 septembre 2016 avec le gouvernement.
Rodrigo Londoño, plus connu par les pseudonymes Timoleón Jiménez ou Timochenko, est le dernier commandant de la guérilla. Il n’est que l’un des huit hauts commandants de FARC mis en cause. Ils ont été inculpés en janvier de crimes contre l’humanité pour les enlèvements de 21.396 personnes entre 1990 et 2016.
“A ceux qui ne sont jamais revenus de leur enlèvement, à ceux qui ont perdu la vie entre nos mains, à leurs proches accablés pendant des années par leur absence (…) nous demandons pardon pour la terrible souffrance que nous avons causée. Nous parlons avec un sentiment de honte”, a dit Rodrigo Londoño.
En septembre, quelques représentants de FARC avaient déclaré que les enlèvements avaient été “une très grave erreur”. Les enlèvements étaient une provocation pour la pression politique et étaient utilisés pour se financier avec les rançons.
Si les ex-guérilleros admettent leur responsabilité devant la JEP, ils ont la possibilité d’avoir une peine alternative à la prison. Les autres risquent d’être jugés par un tribunal pénal et jusqu’à vingt ans de prison.
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