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1 novembre 2024 8 h 47 min

Ukraine : Kiev veut missiles longue portée

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Ce direct a également été alimenté par les contributions de Anna Villechenon, Grégor Brandy, Glenn Cloarec, Jean-Philippe Lefief, Solène L’Hénoret et Marie Pouzadoux. Pour en savoir plus sur le conflit en Ukraine, n’hésitez pas à consulter tous nos articles, reportages et analyses.

Les événements récents à Kiev ont suscité des doutes concernant le « plan de victoire » de Zelensky. Par ailleurs, le déploiement prévu de troupes nord-coréennes marque une escalade sans précédent.

L’idée d’inclure l’Ukraine dans l’OTAN divise Biden, Macron, Scholz et Starmer. Une autre préoccupation est l’utilisation par les messagers russes de la plateforme Telegram pour la guerre.

Si vous voulez voir plus de détails, choisissez une ligne. Toute indication sur comment Moscou et Kiev font usage des drones ?

L’utilisation de drones en Russie et en Ukraine a augmenté de façon exponentielle au cours des derniers mois. Selon un rapport publié en mai 2023 par un groupe de réflexion britannique spécialisé en défense, l’Ukraine a perdu environ 10 000 drones par mois sur le champ de bataille, soit plus de 300 par jour. En comparaison, l’armée française détient un peu plus de 3 000 drones dans ses stocks.

Les forces ukrainiennes et russes utilisent principalement de petits Véhicules Aériens Sans Pilote (UAV en anglais) de fabrication civile, qui sont abordables et disponibles en grande quantité. Ils sont principalement utilisés pour observer le champ de bataille, diriger les troupes ou les tirs d’artillerie. Certains sont également modifiés pour transporter de petites charges explosives, qui sont ensuite larguées sur des tranchées ou des véhicules blindés.

Les drones-kamikazes, bien que moins courants, jouent un rôle crucial dans la bataille. Ce sont des Véhicules Aériens Non-habités (UAV) équipés d’une charge explosive et déployés au-dessus de la ligne de front sans objectif prédéterminé. La Russie utilise des drones russes appelés Lancet-3, ainsi que les Shahed-136 fabriqués en Iran. L’Ukraine, ne disposant pas d’une flotte de guerre respectable, utilise des engins maritimes non-pilotés, tels que des kayaks à commande à distance remplis d’explosifs (environ 450 kilogrammes de TNT).

La place des drones dans leurs opérations militaires a entrainé l’adoption stratégiques de la part des Ukrainiens et des Russes, qui ont conçu des moyens pour nourrir leur force militaire à long terme. Cela était fait non seulement par l’achat de drones civils en gros sur le marché, mais aussi en développant leurs capacités de production nationales. L’industrie ukrainienne, qui était encore à ses débuts durant la guerre de Donbass il y a dix ans, a depuis lors proliféré. A la fin du mois d’aout, le ministre ukrainien de la transformation numérique a révélé la création d’une version du drone russe Lancet, qui serait bientôt disponible sous l’appellation Peroun, en l’honneur du dieu slave de la foudre et du tonnerre.

La Russie, d’autre part, est en difficulté à cause des sanctions occidentales qui limitent sa provision en composantes électroniques. Cependant, selon les services d’espionnage américains, Moscou aurait commencé la construction d’une usine dans la zone économique spéciale d’Alabouga, pour y fabriquer des drones-kamikazes de conception iranienne, tel que le Shahed-136.

Les stocks de missiles russes restent une énigme. Il est très compliqué, voir impossible, d’évaluer l’état actuel de ces stocks. Les services de renseignement ukrainiens font souvent des annonces à ce sujet, mais leurs évaluations restent incertaines.

Andri Ioussov, le représentant de l’agence du renseignement du ministère de la défense (GUR), a rapporté à Liga.net que l’arsenal de la Russie comprenait 2 300 missiles balistiques ou de croisière avant le début de la guerre et que plus de 900 de ces missiles restaient en début d’année. De plus, Ioussov a ajouté que l’armée russe possède également environ dix mille missiles anti-aériens S-300 d’une portée d’environ 120 kilomètres et une grande quantité de missiles S-400, une version plus récente avec une portée triplée. En août, Vadym Skibitsky, le deuxième en commandement du GUR, avançait un nombre de 585 missiles avec une portée de plus de 500 kilomètres.

En termes de capacités de production, l’armée russe serait en mesure de produire une centaine de missiles balistiques ou de croisière par mois, d’après plusieurs spécialistes. En octobre, le GUR estimait cette production à environ 115 unités.

De plus, la Russie a acquis des missiles de courte portée en Iran et en Corée du Nord et continuerait d’en acheter. Selon des sources iraniennes citées par Reuters, l’Iran aurait livré 400 missiles Fateh-110 (avec une portée de 300 à 700 kilomètres) à la Russie depuis janvier, date d’un accord annoncé. Le nombre de missiles nord-coréens acquis par la Russie reste inconnu, cependant, Andriy Kostin, le procureur général, a révélé que 24 missiles ont été lancés en Ukraine entre le 30 décembre 2023 et le 7 février 2024. Les experts qui ont analysé les restes des missiles et leurs trajectoires pensent qu’il s’agit probablement des KN-23 et KN-24 avec une portée d’environ 400 kilomètres.

Et qu’en est-il des avions de combat F-16 ?

Au commencement d’août, l’Ukraine a reçu sa première flotte de chasseurs F-16, des appareils militaires fournis par les États-Unis et requises par Kiev depuis le commencement du conflit. Selon Oleksandr Syrsky, le chef des forces militaires, l’utilisation efficace de ces avions de pointe aidera à protéger la vie des soldats ukrainiens. De plus, le Président du Parlement, Ruslan Stefanchuk, a exprimé son contentement face à l’arrivée de ces avions de combat, qui peuvent augmenter considérablement leur puissance militaire.

Cependant, le 30 août, l’armée ukrainienne a confirmé qu’un de ces avions s’est écrasé lors d’une grande attaque de missiles russes à travers l’Ukraine, tuant le pilote. Depuis le début de l’invasion russe en février 2022, Kiev a fait de multiples demandes pour obtenir des F-16 américains. En août 2023, le président américain, Joe Biden, a approuvé l’envoi de ces appareils made in USA en Ukraine, mais sans fournir de leurs propres chasseurs.

D’ici à 2028, quatre alliés de l’Ukraine ont promis d’envoyer 95 appareils : Belgique (30), Pays-Bas (24), Norvège (22) et Danemark (19). La Suède s’est également engagée à envoyer un avion Awacs, essentiel pour le renseignement et la coordination des opérations avec les F-16.

En outre, les pilotes ukrainiens ont besoin de formation pour utiliser ces avions de guerre américains. Onze pays alliés de l’Ukraine se sont engagés à former ces pilotes.

Quelle est la nature du soutien militaire que les alliés apportent à Kiev ?

Selon un récent rapport de l’Institut Kiel, le soutien de l’Occident à Kiev semble fléchir, deux ans après l’intensification du conflit. Le rapport montre un déclin notable des aides nouvellement fournies entre août 2023 et janvier 2024, comparé à la même période de l’année précédente. Cette tendance risque de se prolonger avec la difficulté qu’a le Sénat américain à allouer des aides, tout comme l’Union européenne (UE) qui a été contrainte de faire adopter une aide de 50 milliards le 1er février 2024, en raison de l’opposition hongroise. Notons que ces deux lots d’aides n’ont pas encore été inclus dans le bilan final de l’Institut Kiel qui s’arrête en janvier 2024.

Les chiffres de l’Institut allemand révèlent une diminution et une concentration du nombre de donateurs autour de certains pays, comme les États-Unis, l’Allemagne et les pays du nord et de l’est de l’Europe. Ces derniers garantissent une assistance financière considérable et un armement moderne. Depuis février 2022, les pays en soutien à Kiev se sont engagés à fournir au minimum 276 milliards d’euros en aide militaire, financière ou humanitaire.

Les pays les plus fortunés ont démontré une générosité remarquable. Les États-Unis sont les donateurs les plus importants, ayant annoncé plus de 75 milliards d’euros d’aide, dont 46,3 milliards en aide militaire. Les pays de l’UE ont quant à eux annoncé des aides bilatérales (64,86 milliards d’euros) et des aides collectives issus du budget de l’UE (93,25 milliards d’euros), soit un total de 158,1 milliards d’euros.

Lors de la comparaison des apports financiers à l’Ukraine par rapport au produit intérieur brut (PIB) de chaque pays donateur, l’ordre change considérablement. Par exemple, les États-Unis tombent au vingtième place (0,32% de leur PIB), derrière des pays limitrophes de l’Ukraine ou des anciennes républiques soviétiques alliées. L’Estonie arrive en tête avec 3,55% de son PIB, suivie par le Danemark (2,41%) et la Norvège (1,72%). La quatrième et cinquième place sont occupées respectivement par la Lituanie (1,54%) et la Lettonie (1,15%). Les trois États baltes ayant une frontière commune avec la Russie ou la Biélorussie sont parmi les donateurs les plus munificents depuis le début du conflit.

En termes de pourcentage du PIB, la France est classée vingt-septième avec 0,07% de son PIB, juste derrière la Grèce (0,09%). L’aide apportée par la France a régulièrement diminué depuis le début de l’agression de l’Ukraine par la Russie. En avril 2023, la France était vingt-quatrième, alors qu’elle était treizième en été 2022.

Quant aux tensions à la frontière entre l’Ukraine et la Pologne, que savons-nous précisément ?

Les liens entre l’Ukraine et la Pologne ont été compliqués pendant des mois. L’origine du contentieux est le transit de céréales ukrainiennes. La Commission européenne avait établi au printemps de 2022 des « voies de solidarité » pour soutenir l’exportation et la commercialisation de produits agricoles ukrainiens vers l’Afrique et le Moyen-Orient, sans imposition de taxes douanières. Cependant, environ la moitié des céréales ukrainiennes transitent ou terminent leur route dans l’Union européenne, d’après la Fondation Farm, un think-tank dédié aux problématiques agricoles mondiales. Ces céréales sont vendues à un tarif nettement inférieur à celui du blé européen, en particulier dans les pays d’Europe centrale.

Soutenant que ces céréales perturbent leur marché local et par conséquent les revenus de leurs fermiers, la Pologne, la Bulgarie, la Hongrie, la Roumanie et la Slovaquie avaient collectivement suspendu leurs importations en avril 2023. Bruxelles avait validé cet embargo selon les conditions qu’il n’interrompe pas le transit vers d’autres pays et qu’il ne dure que quatre mois. Cependant, à la fin de l’été après que l’embargo est censé avoir pris fin, Varsovie a refusé de rouvrir sa frontière aux importations de céréales ukrainiennes, malgré le fait que Bruxelles jugeait l’embargo inutile parce que ses études montraient « qu’il n’y avait plus de distorsion des marchés nationaux pour les céréales ».

Les agriculteurs en Pologne ont mis en place un blocage à la frontière ukrainienne, interdisant l’entrée de camions ukrainiens dans leur pays. Les manifestants demandent un « embargo total » sur les produits agricoles et alimentaires provenant d’Ukraine. Ils protestent contre l’augmentation de leurs coûts de production alors que les silos et les entrepôts sont pleins et que les prix sont très bas. Le président ukrainien a fait remarquer au début de 2024 que ce blocage frontalier montre une « érosion de la solidarité » envers l’Ukraine et a demandé des discussions avec la Pologne. Selon lui, »seule Moscou se réjouit » de cette situation, et il a critiqué « l’émergence de slogans clairement pro-Poutine ».

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