Le brillant Alessandro Giuli, qui a atteint l’âge de 49 ans, a cessé depuis longtemps d’être un fasciste. Bien avant qu’il ne devienne le nouveau ministre de la culture du gouvernement Meloni le 6 septembre, et ne s’établisse au Palazzo del Collegio Romano, Giuli déclare avoir abandonné ce poison lent. Il reconnait que les familles culturelles nationales-conservatrices qui n’étaient pas suffisamment mises en avant, ont maintenant accédé au pouvoir grâce à une alternance. Il s’engage à les mettre en valeur sans pour autant renoncer au dialogue avec toutes les forces créatives, indépendamment de leurs affiliations politiques.
Dans son immense bureau ministériel, Giuli, tenant sa cigarette en nacre, se décrit lui-même comme étant un « libertaire ». Le prédécesseur, Gennaro Sangiuliano, avait semé le trouble dans le monde culturel en souhaitant instaurer une « hégémonie culturelle » de droite, cumulant par ailleurs les gaffes embarrassantes. Suite à un scandale avec sa maîtresse, Sangiuliano a dû démissionner. Certains ironisent en disant que surpasser Sangiuliano ne sera pas une tâche difficile. Adepte de la « concorde », Alessandro Giuli possède un profil assez particulier.
Le costume que porte Giuli, confectionné par un tailleur sarde dévoué et sa cravate raffinée ornée d’un clip en argent, cachent un tatouage d’aigle romain sur sa poitrine. Ses mains manucurées, embellies par des bagues ornées de motifs antiques, ont su se montrer fortes lors des rixes des années 1990. En effet, les petits groupes d’extrême droite romaine auxquels Giuli, enfant de Rome, était affilié, avaient l’habitude d’affronter leurs opposants politiques dans les rues de la capitale. Certaines des personnes qu’il a combattu dans sa jeunesse, souhaitant rester anonymes, le surnomment « picchiatore », le batteur.
Extrême droite romaine radicale.
Bien que maintenant caractérisé par un langage raffiné, parsemé de termes insolites et de citations, et une politesse extrême, Alessandro Giuli n’a pas hésité à rugir avec les ultras de l’AS Roma dans les gradins du Stadio Olimpico. Il est un produit d’une certaine extrême droite – celle de Rome, radicale et spécifique – qui a vu Giorgia Meloni grandir politiquement. Giuli fait partie de ce qu’elle appelle le « monde minoritaire », un monde qu’elle a amené avec elle au pouvoir.
Comme lycéen puis jeune étudiant en philosophie, Giuli a fait face à cette violence tout en élaborant les bases d’une culture classique et hétérodoxe qui a plus tard prospéré à droite du paysage politique italien, tandis que ses années tumultueuses se déroulaient à distance. C’est sans avoir obtenu de diplôme qu’il a choisi, à la veille de ses cinquante ans, de terminer ses études universitaires pour obtenir un diplôme, quelques semaines après avoir été nommé ministre. Bien avant de côtoyer les palais de la République, Alessandro Giuli s’est imposé comme l’une des figures éminentes de la droite intellectuelle, en menant une carrière journalistique avec éclat.
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