L’opérateur public, sous sa nouvelle marque France Travail Pro lancée le 24 octobre, développe une stratégie pour regagner la confiance des entreprises. Il propose notamment l’extension des heures d’ouverture, l’établissement d’un numéro de contact unique pour les conseillers d’entreprise et la multiplication des réunions avec les recruteurs.
Au cœur de cette initiative, 6 000 conseillers d’entreprise, estampillés France Travail Pro, devraient réaliser 200 000 visites de prospection et de fidélisation chez les employeurs en 2024, soit le double de l’année précédente. L’objectif de ces visites est d’évaluer les besoins des recruteurs et de présenter des solutions internes pour recruter des talents : découverte de professions par immersion, identification d’aides à l’embauche, ou encore utilisation de la méthode de recrutement par simulation (MRS) pour identifier les compétences et initier un processus de recrutement ou de formation.
Malgré une vaste campagne de communication soutenant ces efforts, des questions subsistent. Pourquoi déployer tant d’efforts alors que, selon une étude de France Travail, 87% des entreprises qui utilisent ses services se déclarent déjà satisfaites ? La raison est que peu d’entreprises font appel à ses services : seules 20% des entreprises de moins de dix employés utilisent France Travail, un taux qui monte à 67% pour les entreprises de plus de 200 employés, selon l’opérateur public, alors même que ses services sont gratuits.
Les petites et moyennes entreprises (PME) et les très petites entreprises (TPE) ont tendance à se baser principalement sur leur propre réseau pour renforcer leurs équipes. Toutefois, une étude récente, menée entre février et mars 2024 par SIA Partners, a révélé deux problèmes principaux. D’abord, bon nombre des personnes interrogées méconnaissent l’existence de conseillers spécifiquement dédiés aux entreprises et les services qu’ils offrent. De plus, ces mêmes personnes ont une perception négative de la qualité du recrutement, selon SIA Partners.
Cette perception négative est souvent le résultat d’expériences déplaisantes. Un industriel de Bourgogne raconte une telle mésaventure sans vouloir être nommé. « L’année passée, on a décidé de donner une seconde chance à leurs services car les agences d’intérim avaient des difficultés à nous trouver assez de chauffeurs routiers. On avait convenu que France Travail organise une rencontre sur notre site avec neuf potentiels candidats, promis par leur service. Au final, un seul candidat s’est présenté et on ne l’a plus jamais revu ». Il en tire la conclusion : « On préfère continuer à faire confiance à l’intérim ou à Leboncoin pour recruter nos employés et ouvriers car c’est là qu’on trouve des gens vraiment motivés ».
Vous pouvez lire les 46.07% restants de cet article en souscrivant à un abonnement.