L’ancien international algérien Djamel Benlamri (34 ans, 32 apparitions) a récemment profité d’une session en direct sur TikTok le vendredi 25 octobre pour partager ses points de vue sur diverses questions relatives à l’équipe nationale. Couramment sans club depuis qu’il a quitté précipitamment Al-Shorta (Irak), Benlamri s’est particulièrement prononcé sur la question des joueurs à double nationalité, qui constituent une grande partie de l’équipe des Fennecs depuis de nombreuses années.
Même s’il est né en Algérie et a joué une partie de sa carrière dans son pays natal pour des clubs comme NA Hussein Dey, ES Sétif et JS Kabylie, Benlamri a aussi poursuivi sa carrière dans le Golfe Persique et en France (specifically Lyon). En parlant de l’élimination de l’Algérie par le Cameroun lors du dernier tour des qualifications pour la Coupe du Monde 2022, Benlamri n’a pas hésité à exprimer son mécontentement. Il a déclaré: « C’est ce qui se passe lorsqu’on fait appel à des joueurs qui ne peuvent pas chanter l’hymne national. Ils jouent, puis ils repartent, sachant qu’ils seront rappelés, même s’ils ont mal joué. Pour le joueur local, on lui donne vingt minutes : soit il brille dès le début, soit il ne reverra jamais la sélection nationale », a-t-il conclu.
Dans un pays où chaque aspect de la sélection est examiné minutieusement, les déclarations de Djamel Benlamri n’ont pas échappé à l’attention. Cela n’a pas été une surprise qu’il reçoive des critiques, certaines assez acerbes, étant donné qu’il n’a plus joué pour l’équipe nationale depuis le match de mars 2022. Nasser Bouiche, ex-milieu de terrain du Mouloudia Club d’Alger et des Fennecs (42 sélections de 1981 à 1986), estime que bien que ces propos puissent plaire à certains patriotes qui pensent qu’il n’y a pas assez de joueurs locaux dans l’équipe, ils ne traduisent pas une réflexion mûre. Il trouve malavisé de la part de Benlamri de critiquer des joueurs qui ont été ses équipiers. Jusqu’à ce jour, aucun des coéquipiers binationaux de Benlamri n’a répondu publiquement à ses commentaires.
Nordine Kourichi, un ancien joueur de l’équipe nationale des années 1980, natif d’Ostricourt (Nord) en France, a fortement désapprouvé les propos de Benlamri. Selon lui, chanter l’hymne national n’a jamais assuré une victoire à un match. Il affirme que les joueurs binationaux sont aussi dévoués que les locaux, car même s’ils sont nés en France, l’Algérie est le pays de leurs parents et ils y sont attachés, comme ce fut son cas. Kourichi, qui a également été l’adjoint du sélectionneur Vahid Halilhodzic de 2011 à 2014, rappelle que nombreux étaient les joueurs binationaux qu’il a croisés chez les Fennecs avec un comportement exemplaire en termes de professionnalisme et de respect. Selon lui, Benlamri néglige un aspect crucial : la contribution sportive des binationaux.
L’Algérie, tout comme d’autres équipes africaines, mise énormément sur la contribution de joueurs internationaux nés et éduqués à l’étranger. Au cours des deux matchs précédents contre le Togo (avec une victoire de 5-1 et une de 1-0 le 10 et 14 octobre respectivement), les qualifications pour la Coupe d’Afrique des nations 2025 ne comptaient que quatre joueurs locaux, convoqués par le sélectionneur bosno-suisse, Vladimir Petkovic.
« Djamel Benlamri est un homme enchanteur que je connais bien, mais il a tort. Sans les joueurs binationaux, dont les performances sont évaluées sans indulgence, l’équipe algérienne serait en dessous de la moyenne. Elle n’aurait probablement jamais gagné la CAN 2019, et ne se qualifierait pas fréquemment pour cette compétition ou la Coupe du Monde », souligne Nasser Sandjak. L’ex sélectionneur national (2000) est surpris que Djamel Benlamri puisse « nier cette réalité ».
Une négligence de la formation en Algérie
Selon Nasser Sandjak, l’écart entre le championnat algérien et les ligues européennes de premier plan est notable. Il rappelle qu’au cours des quatre dernières décennies, seuls l’ES Sétif [1988 et 2014] et la JS Kabylie [1990] ont remporté une Ligue des champions pour l’Algérie. De plus, la majorité des joueurs binationaux sont nés en France, où la formation est parmi les meilleures du monde. Leur contribution est par conséquent inestimable pour l’équipe nationale. Certains en Algérie restent figés sur la génération qui a battu l’Allemagne de l’Ouest lors de la Coupe du Monde 1982, comprenant Rabah Madjer, Lakhdar Belloumi, Ali Fergani ou Salah Assad, tous formés localement. Cependant, à cette époque, il existait une véritable politique de formation en Algérie. Depuis, presque tous les clubs ont abandonné cette fonction cruciale.
Au lieu de critiquer les binationaux, Djamel Benlamri devrait interroger la fédération algérienne et les clubs sur la raison pour laquelle ils négligent tant la jeunesse et la formation dans un pays à fort potentiel. Et pourquoi le standard du championnat local est juste moyen ? Car la formation des joueurs implique du temps et coûte cher. Les clubs ne veulent pas faire cet effort financier », se désole Nordine Kourichi. Nasser Bouiche conclut en expliquant que « L’Algérie ne peut se permettre de se passer des binationaux, et c’est une situation qui va perdurer ! »