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31 octobre 2024 8 h 44 min

4 500 soldats nord-coréens en Ukraine

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L’information a été également apportée par Glenn Cloarec, Jean-Philippe Lefief, Solène L’Hénoret, et Marie Pouzadoux pour cette couverture en direct. Des nouvelles, des analyses et des reportages sur le conflit en Ukraine sont à lire dans tous nos articles.
Les nouvelles. Le ‘plan de victoire’ de Zelensky à Kiev suscite des incertitudes.
Analyse. L’escalade sans précédent de l’annonce du déploiement de soldats nord-coréens.
Les nouvelles. Biden, Macron, Scholz et Starmer ont des avis divergents sur l’invitation de l’Ukraine à rejoindre l’OTAN.
Enquête. Les messagers russes de la guerre sur Telegram.
Pour obtenir des détails, cliquez sur une ligne. Quelle est l’utilisation des drones par Moscou et Kiev ?
Depuis un certain temps, la bataille des drones entre la Russie et l’Ukraine s’est intensifiée de manière inhabituelle. D’après un rapport, sorti en mai 2023, un groupe de réflexions britannique spécialisé en politique de défense a estimé que les Ukrainiens perdaient environ 10 000 drones par mois sur le terrain de bataille, soit plus de 300 par jour. En comparaison, l’armée française compte un peu plus de 3 000 drones dans son dépôt d’armes.
Généralement, les Ukrainiens et les Russes utilisent de petits véhicules aériens sans pilote (UAV en anglais), d’origine civile, qui sont à un prix raisonnable et disponibles en grande quantité. Ils sont principalement utilisés pour observer le terrain de bataille et pour diriger les troupes ou les tirs d’artillerie. Certains sont légèrement modifiés pour porter de petites charges explosives, qui sont alors larguées sur des tranchées ou des tanks.

Les drones-kamikazes, malgré leur nombre réduit, ont un impact significatif sur le terrain. Équipés de charges explosives, ces Véhicules Aériens Non Habitables (UAV) sont envoyés par-dessus les lignes de combat sans mission préalablement assignée. Les modèles utilisés par Moscou comprennent le Lancet-3 russe et le Shahed-136 iranien. Face à un manque significatif de flotte militaire, l’Ukraine déstabilise ses adversaires à l’aide de véhicules maritimes sans pilotes et de kayak pilotés à distance, équipés d’explosifs (450 kilos de TNT).

L’influence des drones sur les opérations militaires est telle que tant les Ukrainiens que les Russes ont développé des structures pour alimenter leurs troupes sur la longue durée. Ils ont non seulement acheté en grand nombre des drones commerciaux, mais ils ont également développé leurs capacités de production nationale. Bien que l’industrie ukrainienne ait commencé modestement au début du conflit de Donbass il y a dix ans, elle a depuis gagné en force. En fin août, le ministre ukrainien de la transformation numérique a annoncé la création d’un clone du drone russe Lancet, qui sera bientôt déployé sous le nom de Peroun, le dieu slave de l’éclair et du tonnerre.

Malgré les sanctions occidentales limitant l’accès aux composants électroniques, la Russie continue ses efforts. Selon le renseignement américain, Moscou aurait commencé la construction d’une usine dans la zone économique spéciale d’Alabouga. Cette usine aurait pour but de produire des drones-kamikazes de conception iranienne, tels que le Shahed-136.

En ce qui concerne les stocks de missile russes, il est extrêmement difficile, voire impossible, de connaître leur état actuel. Le service de renseignement ukrainien fournit régulièrement des informations à ce sujet, mais ces estimations demeurent incertaines.

D’après les déclarations d’Andri Ioussov, un représentant de l’Agence de renseignement du ministère de la défense (GUR), rapportées par Liga.net, l’armée russe possédait 2 300 missiles balistiques ou de croisière au commencement de la guerre, en plus de plus de 900 débutant l’année. Selon le représentant, des milliers de missiles anti-aériens S-300, d’une portée approximative de 120 kilomètres, et une grande réserve de S-400, une version plus récente avec une portée triplée, s’ajoutent à ce total. Vadym Skibitsky, collaborateur principal du GUR, a révélé en août la possession de 585 missiles avec une portée dépassant les 500 kilomètres.

Il est estimé par plusieurs spécialistes que les capacités de production mensuelles sont maintenant autour d’une centaine de missiles balistiques ou de croisière. En octobre, cette production était évaluée à 115 unités par le GUR.

La Russie aurait également acquis des missiles à courte portée en provenance d’Iran et de Corée du Nord, et continue d’en acquérir. Selon l’agence de presse Reuters, qui cite plusieurs sources iraniennes, 400 missiles iraniens de type Fateh-110 (300 à 700 kilomètres) lui ont été livrés à partir de janvier, date de la signature d’un accord. Le nombre exact de missiles nord-coréens obtenus par la Russie est inconnu, mais 24 ont été lancés en Ukraine entre le 30 décembre 2023 et le 7 février 2024, d’après Andriy Kostin, procureur général. Selon l’analyse des débris et des trajectoires par des experts, il s’agirait probablement de modèles KN-23 et KN-24 avec une portée proche de 400 kilomètres.

Et qu’en est-il des avions de combat F-16 ?

Au début du mois d’août, l’Ukraine a accueilli ses premiers F-16, des avions de combat américains, demande persistante de Kiev depuis le commencement du conflit. Pour Oleksandr Syrsky, le chef des forces armées, l’usage efficace de ces avions modernes pourrait avoir un impact positif notable sur la survie des militaires ukrainiens. Le président du Parlement, Ruslan Stefanchuk, a également exprimé sa satisfaction à l’égard de l’arrivée de ces avions de combat tant attendus, capables d’améliorer considérablement le potentiel militaire.

Cependant, le 30 août, les responsables militaires ukrainiens ont annoncé la chute tragique d’un de ces avions, son pilote ayant perdu la vie en essayant de repousser une attaque de missiles russes massive sur tout le pays quelques jours auparavant. Depuis le début de l’agression militaire russe en février 2022, Kiev a sans cesse sollicité la livraison des F-16 américains. En août 2023, le président américain, Joe Biden, avait approuvé l’installation de ces avions fabriqués aux États-Unis en Ukraine, bien que les États-Unis ne proposent aucun de leurs propres avions.

D’ici 2028, Kiev attend la promesse de 95 avions de la part de ses alliés : trente en provenance de la Belgique, vingt-quatre des Pays-Bas, vingt-deux de la Norvège et dix-neuf du Danemark. En mai dernier, la Suède s’est également engagée à fournir un avion de type Awacs, crucial pour la collecte de renseignements et la coordination d’éventuelles opérations avec les F-16.

En outre, il est nécessaire que les pilotes ukrainiens soient formés pour ces avions de combat américains. Onze pays alliés de Kiev ont promis d’assumer la responsabilité de la formation des pilotes.

Quel est le niveau de soutien militaire que ses alliés apportent à Kiev ?

Selon un rapport publié en février 2024 par l’Institut Kiel, deux ans après le début du conflit à grande échelle, le soutien occidental à Kiev semble perdre de sa vitalité. Le rapport montre que, d’août 2023 à janvier 2024, les nouveaux engagements d’aide ont diminué par rapport à la même période de l’année précédente. Cette tendance à la diminution risque de se maintenir, compte tenu des difficultés rencontrées par le Sénat américain pour l’adoption d’aides, ainsi que l’obstacle récemment rencontré par l’Union européenne (UE) pour adopter une aide de 50 milliards d’euros le 1er février 2024, en raison d’un blocage par la Hongrie.

Ces deux packages d’aide n’ont pas encore été intégrés dans le dernier bilan de l’Institut Kiel, qui ne va que jusqu’en janvier 2024. Ce rapport de l’Institut Kiel montre aussi que le nombre de donateurs diminue, se concentrant sur un groupe de pays principaux : les États-Unis, l’Allemagne et les pays de l’Europe du Nord et de l’Est qui assurent à la fois un soutien financier conséquent et l’approvisionnement en armements sophistiqués.

Depuis février 2022, les pays soutenant Kiev se sont engagés à fournir au moins 276 milliards d’euros en assistance militaire, financière ou humanitaire. En termes absolus, ce sont les pays les plus riches qui ont été les plus généreux. Les États-Unis sont de loin les plus grands donateurs avec plus de 75 milliards d’euros d’aide promis, dont 46,3 milliards en aide militaire. Les pays de l’UE ont promis des aides bilatérales de 64,86 milliards d’euros et des aides communes de 93,25 milliards d’euros provenant des fonds de l’Union européenne, pour un total de 158,1 milliards d’euros.

Lorsqu’on compare les contributions au produit intérieur brut (PIB) de chaque pays donateur, le classement s’ajuste. Les Etats-Unis chutent à la vingtième position avec 0,32 % de leur PIB, se retrouvant bien en dessous de pays frontières de l’Ukraine ou d’anciennes républiques soviétiques alliées. L’Estonie s’empare de la première place des donations en fonction du PIB à 3,55 %, suivie du Danemark (2,41 %) et de la Norvège (1,72 %). Les deux dernières places du top 5 sont occupées par la Lituanie (1,54 %) et la Lettonie (1,15 %). Ces trois Etats baltes, ayant tous des frontières partagées avec la Russie ou son complice la Biélorussie, sont parmi les plus philanthropiques depuis l’éclatement du conflit.
En ce qui concerne le pourcentage du PIB, la France se situe à la vingt-septième place, ayant contribué avec 0,07 % de son PIB, légèrement derrière la Grèce (0,09 %). L’aide apportée par la France diminue progressivement depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie – la France se trouvait à la vingt-quatrième place en avril 2023, et à la treizième place à l’été 2022.
Qu’en est-il des frictions à la frontière entre l’Ukraine et la Pologne ?

Les liens entre l’Ukraine et la Pologne ont été tendus depuis plusieurs mois, principalement en raison du transit des grains ukrainiens. Au printemps 2022, l’Union Européenne a créé des « canaux de solidarité » pour permettre l’exportation et la commercialisation des produits agricoles ukrainiens, exempts de droits de douane, vers l’Afrique et le Moyen-Orient. Selon la Fondation Farm, une organisation de réflexion sur les enjeux agricoles mondiaux, environ la moitié des grains ukrainiens passent par ou terminent leur voyage dans l’Union Européenne. Cependant, ces céréales sont vendues à un prix beaucoup plus bas que le blé produit au sein de l’UE, en particulier dans les pays d’Europe centrale.

En avril 2023, à cause de l’impact de ces céréales sur leur marché local et les revenus de leurs agriculteurs, la Pologne, la Bulgarie, la Hongrie, la Roumanie, et la Slovaquie ont décidé de suspendre leurs importations, une mesure acceptée par Bruxelles à la condition qu’elle n’entrave pas le transit vers d’autres pays et qu’elle dure seulement quatre mois. Cependant, à la fin de l’été, Varsovie a choisi de maintenir sa frontière fermée aux céréales ukrainiennes, affirmant que le problème n’avait pas été résolu. Dans le même temps, Bruxelles a insisté sur la levée de l’embargo puisque leurs évaluations indiquaient qu’il n’y avait plus de distorsions du marché des céréales.

Les fermiers de la Pologne sont en train de barrer les routes à la frontière polono-ukrainienne pour empêcher l’accès de camions ukrainiens sur le sol national. Ces manifestants exigent une interdiction totale des marchandises agricoles et alimentaires en provenance d’Ukraine. En effet, ils se plaignent de l’augmentation drastique de leurs frais de production en même temps que leurs silos et leurs entrepôts sont pleins et que les prix ne cessent de baisser. Le président de l’Ukraine, au début de 2024, exprimait que cette situation de blocus à la frontière polonaise traduit une « dégradation de la solidarité » envers son pays, et a demandé à engager des discussions avec la Pologne. Il constatait également que « seule la Russie se réjouit » de cette situation de tension et a critiqué « l’émergence de slogans clairement pro-Poutine ».