Le procureur a demandé des peines de prison avec sursis de trente et vingt-quatre mois respectivement contre Maxime D. et Matthieu D., deux officiers de police parisiens accusés d’avoir agressé un homme durant sa garde à vue en juillet. En plus des peines de prison, le procureur a plaidé pour une interdiction permanente d’exercer dans les forces de l’ordre pour les deux accusés, âgés de 25 et 32 ans. Le verdict sera annoncé le 15 janvier.
Ces deux policiers, déjà suspendus de leurs fonctions à cause de leurs contraintes judiciaires, comparaissaient libres devant le tribunal correctionnel de Paris pour «violence aggravée par deux circonstances résultant en incapacité de plus de huit jours».
Dans la nuit du 24 juillet, Mario (pseudonyme) a été arrêté pour avoir insulté des policiers, qui étaient en renfort dans la capitale en prévision des Jeux olympiques. L’homme, âgé de 42 ans et d’origine péruvienne, était en état d’ébriété lors de sa garde à vue au poste de police des 5ᵉ et 6ᵉ arrondissements de Paris et a refusé d’enlever son collier. Des images de vidéosurveillance montrent Maxime D. lui immobilisant le bras. Ensuite, le policier admet devant le tribunal : «Il m’a insulté, je lui ai donné une gifle». Ils sont ensuite entrés dans la salle de fouille sans caméras, où Mario accuse le policier de l’avoir frappé avec sa matraque à au moins six reprises. Il a été blessé à l’avant-bras.
En se présentant devant le tribunal, Maxime D. admet avoir porté des coups et tente tant bien que mal d’apporter une justification à cet accès de violence: il affirme que la personne qu’il avait arrêtée avait essayé de l’agresser, ce qui aurait provoqué son recours à la matraque. Cependant, Mario, l’homme arrêté, dément toute agression à l’encontre du policier. Il n’a pas assisté au procès, ayant été psychologiquement atteint par l’affaire, comme l’explique son avocate, Juliette Chapelle. Si Mario avait été présent, l’accusé affirme qu’il lui aurait présenté des excuses.
Dans sa cellule, Mario a utilisé son propre sang pour graver l’appel à l’aide sur le mur. Son avocate décrit ce geste comme le cri d’un homme qui pensait être sur le point de mourir. Pour expliquer son comportement, le policier évoque sa fatigue et son irritation à l’approche de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques, mais cela ne convainc guère le procureur qui qualifie l’affaire de « particulièrement ahurissante ».
Plus tard au cours de cette nuit, un autre policier, Matthieu D., commence à maltraiter Mario avec neuf gifles et deux coups de pied. Au tribunal, il admet avoir perdu son calme face à des insultes et reconnaît que cela n’excuse en aucune manière son comportement. Ses supérieurs avaient déjà noté son caractère impulsif lors des évaluations précédentes. A la barre, il présente des excuses d’une voix tremblante pour avoir jeté le discrédit sur l’organisation avec son comportement. « J’étais dans une période difficile », ajoute-t-il. Son comportement a été observé par ses collèges via la vidéosurveillance, qui ont assisté passive à la scène. Alain Alçufrom, le président du tribunal, est surpris par leur indifférence. Maxime D., quant à lui, a porté plainte contre Mario, l’accusant de violence. Il admet au tribunal l’avoir fait pour se protéger.
Au cours d’une audience, deux officiers de police qui étaient sur les lieux une nuit ont confirmé une déclaration initiale avant de se désister. L’un a été sanctionné d’une peine de six mois de prison avec sursis pour fausse dénonciation le 20 septembre. Clément B., qui était le responsable du poste la nuit des incidents, était aussi parmi les accusés mardi. Une peine de prison d’un an avec sursis et une interdiction de six mois de travailler dans la police ont été demandées contre lui pour fausse dénonciation et non assistance à personne en danger.
Pendant cette même audience, Maxime D. a été jugé pour une autre affaire qui remonte à juin 2022. Il est inculpé d’avoir pulvérisé du gaz irritant sur une femme qu’il était censé escorter après un refus de dépôt de plainte. De plus, Maxime D. et Clément B. seront jugés le 20 mars 2025 dans un troisième cas pour violence en groupe. En mai, après une bagarre devant un pub, ils ont été filmés en train de frapper deux hommes qui ont ensuite chuté au sol, inconscients, selon une source judiciaire.
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