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Sosa, Alegre, Velardi : déménageurs Apartamento

La housse de la publication est ornée avec un visage serein sur une tasse, un motif qui rappelle l’art d’un enfant et qui contraste fortement avec les images appétissantes utilisées habituellement dans les livres de cuisine. All the Stuff We Cooked, l’ouvrage du renommé chef danois Frederik Bille Brahe, est le livre le plus vendu de son éditeur, Apartamento, avec une impression de seize mille copies.

Apartamento, depuis 2006, prend en charge une revue bisannuelle de décoration du même nom, une série de publications, une entreprise d’édition de mobilier et même un bar à vin, confirmant ainsi leur emprise sur l’art de vie moderne. Les fondateurs de l’entreprise, les Catalans Nacho Alegre, Omar Sosa, et l’italien Marco Velardi, sont trois hommes dynamiques et curieux qui ont su cerner les tendances actuelles et faire des choix contre-intuitifs par rapport aux décisions dictées par le bon sens et les analyses marketing.

Les trois gentlemen d’une quarantaine d’années ont créé la revue Apartamento, qui est maintenant distribuée à cinquante mille copies dans quarante-neuf pays, il y a dix-huit ans. « Omar était le directeur artistique, Nacho était le photographe, et j’écrivais pour des marques », se remémore Marco Velardi. Leur désir initial de lancer une revue qui met en avant les intérieurs des maisons de gens semblait plus être un passe-temps à leurs débuts. C’est un joli pied de nez à la presse.

Dans les souvenirs d’Omar Sosa, l’époque où Apartamento a vu le jour était culturellement bien différente. A ce moment-là, seules Flickr (un site de partage de photos) et MySpace (une plateforme de blogs) existaient. Les discussions se faisaient via Skype et les appels téléphoniques sur BlackBerry. Cependant, l’opportunité de collaborer avec le Milanais Marco, que Nacho Alegre avait connu lors d’un projet antérieur, s’est rapidement imposée aux natifs de Barcelone. Ils ne voulaient pas que leur magazine soit considéré comme uniquement conçu par et pour les Barcelonais, malgré leur désir d’être reconnus internationalement. Sosa explique que leur communication s’est toujours faite uniquement en anglais, une caractéristique de leur génération Erasmus.

Mais il a toujours été clair pour eux que Barcelone serait leur base, leur centre d’opérations. Selon Sosa, c’est une ville fertile pour les magazines, les photographes et les graphistes. Non seulement le coût de la vie y est plus bas et la compétition moins féroce, mais la qualité de vie y est bien meilleure qu’à Londres ou à New York. C’est une métropole tranquille, mais connectée au monde, ce qui leur a permis de se développer à leur propre rythme, tout en gardant une perspective équilibrée sur leurs sujets. Sosa, qui a tenté de vivre à New York, témoigne de cela.
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