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Côte d’Ivoire : Billon vise présidentielle

La révélation n’a laissé personne stupéfait, car les objectifs politiques de l’individu en question étaient déjà connus depuis plus d’une décennie. Le 25 octobre, Jean-Louis Billon, âgé de 59 ans, a confirmé officiellement sa candidature à l’élection présidentielle de 2025 depuis son bastion de Dabakala au nord-est du pays. « Je me lance dans la course pour le vaincre », a-t-il proclamé devant une foule de partisans. « C’est un rendez-vous avec le futur de la Côte d’Ivoire en 2025, et je serai là. »

L’élection se présente comme un « moment crucial », a-t-il mis en évidence, son parti, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA, centre-droit), se doit de « répondre à ce rendez-vous mémorable ». Il reste à voir si Jean-Louis Billon réussira à convaincre les membres du parti d’opposition dominant à l’Assemblée nationale de le désigner comme leur candidat lors d’une convention partisane dont la date n’a pas été fixée et où il devra se montrer à la hauteur face à Tidjane Thiam.

Pour le moment, M. Thiam, le président du PDCI, qui a été élu le 22 décembre 2023, est considéré comme le favori de ce duel. Jean-Louis Billon ne s’était pas présenté à ce scrutin. L’assemblée extraordinaire qui s’est réunie à Yamoussoukro a alors adopté une résolution nommant Tidjane Thiam comme « le candidat du PDCI-RDA à la nomination » pour l’élection présidentielle à venir.

Un entrepreneur prospère.

Jean-Louis Billon est un homme d’affaires prospère qui a hérité de l’entreprise agro-industrielle Sifca de son père. De 2001 à 2012, il dirigeait l’entreprise, qui est le premier groupe privé du pays et se spécialise dans les oléagineux, le sucre et l’hévéa. De plus, il a été le président de la Chambre de commerce et d’industrie de 2002 à 2012.

Billon a également été actif sur le plan politique local depuis qu’il a été élu maire de Dabakala en 2001, un poste qu’il a occupé jusqu’à ce qu’il devienne président du conseil régional du Hambol en 2013. En 2012, il a été nommé ministre du commerce par le président Alassane Ouattara, une position qu’il a tenue pendant cinq ans jusqu’à ce qu’il soit évincé du gouvernement lors d’un remaniement ministériel en 2017.

Dans le contexte de l’arène politique, on remarque que certaines personnalités soutiendiront inévitablement Jean-Louis Billon. Il y a des personnes qui espèrent obtenir une nomination et d’autres qui n’aiment pas Tidjane Thiam, et donc, Billon reçoit certainement quelques visites nocturnes. Cependant, aucun haut fonctionnaire n’a encore officiellement déclaré son soutien à Billon. Il est fort probable que la majorité restera avec Tidjane Thiam, compte tenu des enjeux de 2025.

Il est à noter que Billon a de bonnes relations avec le président Alassane Ouattara ainsi qu’avec l’opposant Laurent Gbagbo. En fait, il était là pour accueillir Gbagbo à l’aéroport lors de son retour au pays en 2021.

Jean-Louis Billon s’est uni à la direction du PDCI et est devenu leur porte-parole adjoint. Il plaide pour une séparation avec le camp du président, tandis que le RDR du président Alassane Ouattara cherche à unifier le parti, le RHDP.
Suspension des responsabilités de parti
En 2017, le gouvernement l’a démis de ses fonctions de président du conseil régional de Hambol, poste qu’il avait obtenu sous la bannière du RDR. Selon Jeune Afrique, lorsque Le Monde l’a contacté, il a répondu à ceux qui doutaient de sa fidélité qu’il s’agissait d’une « alliance politique ». Il a rappelé être en accord avec l’idée d’une alliance, mais pas d’un parti unifié. Il affirme avoir été le premier à s’opposer à l’adhésion au RHDP.
Des critiques au sein du PDCI lui reprochent également son absence depuis l’élection de Tidjane Thiam. Jean-Louis Billon a été absent lors de la passation de pouvoir en janvier et lors de la présentation de la nouvelle structure du PDCI. Il a également refusé de reprendre le nouveau secrétariat exécutif, tout en demeurant haut représentant du parti à Hambol. Cette mise à l’écart lui donne plus de liberté pour critiquer la direction actuelle du parti.

« Je n’éprouve aucun problème personnel envers Tidjane Thiam », indique Jean-Louis Billon, malgré le fait que certains parmi nous jugent qu’il ne possédait pas toutes les qualités nécessaires pour être élu. Cependant, nous l’acceptons », ajoute-t-il. Il critique également le manque d’expérience de Thiam en matière de gestion d’un parti politique. « C’est peut-être la plus longue période que le parti a traversé sans tenir de réunion au bureau politique. Le congrès n’a pas été reprogrammé, et ne parlons même pas de la convention… »

« Quelle inertie ? », s’interroge un cadre supérieur du parti, proche du nouveau président. « Depuis que Tidjane Thiam a pris la direction du PDCI, le parti n’a jamais été aussi actif et présent sur le terrain. C’est cela qui compte, bien plus qu’une réunion de bureau politique qui n’est d’ailleurs pas obligatoire après une passation de pouvoir. »

Pour autant, Jean-Louis Billon assure avoir été validé par l’ancien président de la République (1993-1999) Henri Konan Bédié, qui était le président du PDCI jusqu’à son décès le 1er août 2023. « J’étais prévu pour l’élection présidentielle de 2020 depuis 2018 », dit-il. « C’est Henri Konan Bédié qui m’avait demandé de me retirer, afin qu’il puisse se mesurer à Alassane Ouattara [qui a remporté l’élection avec 95,31 % des votes lors d’un scrutin boycotté par l’opposition]. J’ai cédé ma place, mais peu de temps après cette élection, j’ai annoncé mon intention de me présenter pour l’année 2025. »

Jean-Louis Billon assure qu’il n’a pas postulé pour la direction du PDCI en décembre, non pas parce qu’il n’avait pas accompli dix ans de service au bureau politique, mais parce qu’il voulait séparer le rôle de président du parti de celui de candidat à la plus haute fonction. Il indique que c’est une pratique courante dans les partis américains, où les présidents de parti ne sont quasiment jamais candidats. Ils s’appuient sur leurs expériences passées pour gérer le parti, une innovation que Billon aimerait introduire lors du prochain congrès, afin de moderniser le PDCI, qui a, selon lui, encore de vieilles habitudes.

Selon Billon, cette approche permettrait une meilleure gestion du PDCI, en divisant les responsabilités entre deux personnes. Cependant, cela pourrait le contraindre à travailler avec Tidjane Thiam, si ce dernier réussissait à obtenir l’investiture lors de la convention du parti.

Dans l’éventualité d’un échec, Billon ne se prépare pas encore à se présenter comme candidat indépendant, mais n’écarte pas cette possibilité. Il met en garde contre les irrégularités possibles lors de l’organisation de la convention. Il avance qu’il reconsidérerait sa position si cela devait se produire, ayant déjà mis en garde l’équipe des anciens, qui sont les protecteurs du parti. Selon lui, toute malversation aurait des répercussions négatives pour le PDCI.

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