Le mercredi 30 octobre, un million de citoyens ont donné le coup d’envoi aux élections pour choisir leur futur président et parlement au Botswana, une démocratie africaine australe gouvernée par le même parti depuis son indépendance du Royaume-Uni en 1966. Les urnes ont été disponibles à partir de 6 h 30 (heure locale, soit 5 h 30 à Paris) et sont restées ouvertes jusqu’à 19 h. Les récapitulatifs des bulletins de vote sont attendus dans la soirée de jeudi.
L’ancien président, Seretse Ian Khama, a réussi à redynamiser la campagne électorale ces dernières semaines en cherchant à affaiblir la réputation du président actuel, Mokgweetsi Masisi, qu’il avait lui-même nommé. Le mandat de Mokgweetsi a été marqué par une économie stagnante, fortement tributaire du secteur du diamant. Selon la Banque mondiale, la croissance économique devrait ralentir à 1% en 2024, contre 2,7% en 2023. Le taux de chômage grimpe à 27%, et atteint même 38% chez les jeunes.
Mokgweetsi Masisi, un orateur efficace de 63 ans, cherche à obtenir un second mandat sous la bannière du Parti démocratique du Botswana (BDP) face à une opposition fragmentée, dans un pays majoritairement semi-aride avec une population de 2,6 millions d’habitants. Son adversaire principal est une coalition de gauche, l’Umbrella for Democratic Change (UDC), dirigée par la défenseur des droits de l’homme Duma Boko, âgé de 54 ans. Mais sa campagne a été mise à mal lorsque ses deux principaux soutiens de l’opposition – le Botswana Congress Party et le Botswana Patriotic Front – ont choisi de mettre en avant leurs propres candidats présidents.
L’ancien président est revenu d’exil.
D’après Ookeditse Letshwenyo, un entrepreneur de 23 ans, l’UDC au pouvoir a échoué à fournir plus d’emplois pour la jeunesse, menant à une déception profonde. « Les mêmes personnes, avec la même mentalité et les mêmes buts nous gouvernent depuis notre indépendance », se lamente-t-il. Cependant, Queen Mosiane, 34 ans, soutient le BDP en raison de la paix et la stabilité qu’il offre au pays. Le président Masisi a exprimé son assurance quand à sa victoire lors d’un meeting le mardi précédent. « J’avais tout raflé à Gaborone en 2019, cette fois-ci je vais confirmer ! » avait-il déclaré.
Dans le système de vote actuel, le parti avec le plus grand nombre de sièges remporte les élections. Ian Khama, ancien président de 71 ans, sorti récemment d’exil, soutient majoritairement le BPF tentant rectifier ce qu’il décrit comme une « erreur » pour avoir cédé sa place à Mokgweetsi Masisi en 2018. Malgré sa popularité, il ne peut officiellement se représenter après deux mandats.
Enfin, l’économie du pays reste dépendante des diamants.
Ce mouvement a été lancé par ses supporters après avoir quitté le parti au pouvoir avec une certaine ostentation, quelques mois seulement après l’installation de M. Masisi au pouvoir, qui a remporté la présidence en 2019 avec 52% des suffrages. Même si l’impact de M. Khama ne peut être minimisé, son autorité se limite à quelques districts, dont le central où il est le chef tribal, comme le soulignent les commentateurs. Selon les spécialistes, M. Masisi est bien placé pour gagner. Comme le mentionnait mardi le journal indépendant Mmegi, « La route vers la victoire pour le BDP semble non seulement possible, mais se fait de plus en plus claire ».
Sous la gouvernance de M. Masisi, la croissance économique a été affectée par une baisse de la demande de diamants – la principale source de revenus du pays – face à une montée des diamants synthétiques. « Le gouvernement continue de trop dépenser, malgré une réduction des recettes. Une crise se profile », prévient Zibani Maundeni, politologue à l’Université du Botswana.
« Dans l’ensemble, les citoyens ont le sentiment qu’ils ne bénéficient pas totalement des richesses minières du pays », déclare Tendai Mbanje, chercheur au Centre africain pour la gouvernance. Ces revenus ont permis à l’État de construire des écoles, des hôpitaux et des infrastructures modernes, et ils continuent de subventionner l’éducation et la santé.