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29 octobre 2024 22 h 47 min

Soldats nord-coréens à Koursk

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Au cours de ce direct, Glenn Cloarec, Jean-Philippe Lefief, Grégor Brandy et Marie Pouzadoux ont également apporté leur contribution. Nous vous invitons à lire tous nos articles, rapports et analyses concernant le conflit ukrainien.

Les actualités. Le « plan de victoire » de Zelensky est accueilli avec scepticisme à Kiev
Analyse. L’arrivée annoncée de troupes nord-coréennes marque une escalade sans précédent
Les faits. Biden, Macron, Scholz et Starmer sont divisés sur l’invitation de l’Ukraine à intégrer l’OTAN.
Enquête. Telegram, platforme de choix des messagers russes de la guerre.
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Comment les armées moscovites et kieviennes exploitent-elles les drones?

Depuis un certain temps, une guerre de drones sans précédent a éclaté entre la Russie et l’Ukraine. Un rapport d’un think tank britannique spécialisé en matière de défense révèle qu’en mai 2023, les forces ukrainiennes perdaient environ 10 000 drones par mois sur le front, soit plus de 300 par jour. En guise de comparaison, l’armée française ne compte que légèrement plus de 3 000 drones dans son armurerie.

Les forces russes et ukrainiennes emploient principalement des petits UAV (véhicules aériens non pilotés) d’origine civile, abordables et disponibles en grande quantité. Ils sont utilisés pour la surveillance du champ de bataille et pour diriger les troupes ou les tirs d’artillerie. Certains sont même modifiés pour transporter de petites charges explosives, qui sont ensuite larguées sur des tranchées ou des véhicules blindés.

Bien que moins abondants, les drones-kamikazes remplissent également une fonction essentielle. Ces UAV, dotés de matériaux explosifs, sont déchargés au-dessus de la ligne de front sans ordres préalablement définis. Moscow utilise les drones russes Lancet-3 ainsi que le Shahed-136 fabriqué en Iran. Dépourvu d’une puissante flotte de guerre, l’Ukraine ridiculise l’adversaire avec des navires maritimes automatisés, de petits kayaks commandés à distance et chargés de TNT (450 kg).

Manifestant l’importance des drones pour leurs actions, aussi bien les Ukrainiens que les Russes ont établi des moyens de soutenir leurs soldats sur le long terme, non seulement en acquérant en grand nombre des drones civils sur le marché, mais également en instaurant des capacités de production internes. Stagnant au commencement de la guerre du Donbass qui a démarré il y a dix ans, l’industrie nationale ukrainienne a depuis connu une croissance significative. Fin août, le ministre ukrainien de la transformation digitale a annoncé qu’un duplicata du drone russe Lancet avait été créé et serait bientôt lancé sous la dénomination de Peroun, le dieu slave de la foudre et du tonnerre.

Limitée par les sanctions occidentales restreignant son approvisionnement en composants électroniques, la Russie éprouve des difficultés. Cependant, selon les services de renseignements américains, Moscou aurait déjà débuté la construction d’une usine dans la zone économique spéciale d’Alabouga en vue de produire des drones-kamikazes de conception iranienne, tels que le Shahed-136.

Quelles sont les informations disponibles concernant l’arsenal de missiles russes ?

Il est très compliqué, voire impossible, d’évaluer la quantité actuelle de missiles détenus par l’armée russe. Les services de renseignement ukrainiens communiquent fréquemment à ce sujet, mais leurs approximations sont discutables.

D’après Andri Ioussov, réprésentant des services de renseignement du ministère de la défense (GUR), comme rapporté par Liga.net, l’armée russe avait 2300 missiles balistiques ou de croisière avant le conflit, et encore plus de 900 au début de l’année. À ces chiffres, on ajoute des milliers de missiles antiaériens S-300 avec une portée d’environ 120 kilomètres, et une grande quantité de S-400, une version plus récente avec une portée trois fois plus grande, selon le porte-parole. En août, le deuxième du GUR, Vadym Skibitsky, a annoncé le nombre de 585 missiles avec une portée supérieure à 500 kilomètres.

En ce qui concerne la production, le taux serait maintenant de cent missiles balistiques ou de croisière chaque mois, d’après plusieurs experts. En octobre, le GUR estimait cette production à 115 unités.

De plus, la Russie aurait acquis des missiles à courte portée en Iran et en Corée du Nord et continuerait à le faire. D’après l’agence Reuters, qui cite plusieurs sources iraniennes, 400 missiles iraniens du type Fateh-110 (avec une portée entre 300 et 700 kilomètres) lui auraient été fournis depuis janvier, date à laquelle un accord aurait été signé. On ne sait pas combien de missiles nord-coréens la Russie a acquis, mais d’après le procureur général, Andriy Kostin, 24 ont été lancés en Ukraine entre le 30 décembre 2023 et le 7 février 2024. Les experts qui ont étudié les débris et les trajectoires suggèrent qu’il s’agit probablement de KN-23 et KN-24 avec une portée d’environ 400 kilomètres.

Qu’en est-il des avions de combat F-16 ?

Au début d’août, l’Ukraine a accueilli ses premiers chasseurs F-16, des avions de guerre fabriqués aux États-Unis que Kiev réclamait depuis le début du conflit. Oleksandr Syrsky, le commandant des forces armées, a estimé que l’utilisation optimale de ces avions modernes pourrait préserver la vie des soldats ukrainiens. Quant au président du Parlement, Ruslan Stefanchuk, il s’est réjoui de l’arrivée de cet avion de guerre tant attendu, capable d’augmenter significativement nos aptitudes guerrières.

Néanmoins, le 30 août, le siège des forces armées ukrainiennes a déclaré qu’un de ces avions s’était écrasé lors d’une énorme attaque de missiles russes sur le territoire ukrainien, tuant son pilote. Depuis l’envahissement russe en février 2022, Kiev avait fait campagne sans relâche pour la livraison de F-16 fabriqués aux États-Unis. En août 2023, le président américain, Joe Biden, avait consenti au déploiement de ces avions fabriqués aux Etats-Unis en Ukraine, mais sans que les Etats-Unis n’en fournissent directement de leur flotte.

D’ici 2028, il a été promis à Kiev par ses alliés que 95 avions lui seraient fournis : trente de la Belgique, vingt-quatre des Pays-Bas, vingt-deux de Norvège et dix-neuf du Danemark. Par ailleurs, la Suède s’est engagée à fournir un avion Awacs à la fin du mois de mai, un outil vital pour la collecte de renseignements et la coordination d’opérations potentielles avec les F-16.

De plus, les pilotes ukrainiens doivent recevoir une formation spécifique pour ces avions de combat américains. Onze pays alliés de Kiev se sont engagés à prendre sous leur aile ces pilotes.

Quel est l’ampleur de l’appui militaire que ses alliés fournissent à Kiev ?

Deux années après l’éclatement du conflit à large échelle, l’appui occidental envers Kiev semble faiblir. D’août 2023 à janvier 2024, les dons récents ont diminué par rapport à la même période de l’année précédente, d’après le plus récent rapport de l’Institut Kiel publié en février 2024. Cette tendance pourrait perdurer, étant donné que le Sénat américain éprouve des difficultés à approuver des aides et que l’Union européenne (UE) a rencontré des obstacles pour faire passer une aide de 50 milliards le 1er février 2024, en raison d’une opposition hongroise. Il est à préciser que ces deux tranches d’aides ne sont pas encore incluses dans le dernier bilan de l’Institut Kiel, qui s’achève en janvier 2024.

Les informations de l’Institut allemand révèlent une réduction et une concentration du nombre de donateurs autour d’un groupe de pays : les États-Unis, l’Allemagne, les pays nordiques et de l’est de l’Europe, qui promettent à la fois des aides financières considérables et du matériel militaire de pointe. Au total, depuis février 2022, ces pays qui appuient Kiev se sont engagés à financer au moins 276 milliards d’euros en terme de militaire, de finance et d’aide humanitaire.

En valeur absolu, les pays les plus prospères ont été les plus généreux. Les États-Unis sont de loin les premiers donateurs, ayant annoncé plus de 75 milliards d’euros d’aide dont 46,3 milliards sont destinés à l’aide militaire. Les pays de l’Union européenne ont annoncé des aides bilatérales (64,86 milliards d’euros) et des aides communes issus des fonds de l’Union européenne (93,25 milliards d’euros), ce qui totalise 158,1 milliards d’euros.

Si l’on tient compte du produit intérieur brut (PIB) de chaque pays donateur, le classement des contributions change. Ainsi, les États-Unis se retrouvent en vingtième position (avec 0,32 % de leur PIB), derrière d’anciennes républiques soviétiques amies ou des pays limitrophes de l’Ukraine. C’est l’Estonie qui occupe la première place en ce qui concerne les aides en proportion du PIB, avec un taux de 3,55 %. Elle est suivie par le Danemark (2,41%) et la Norvège (1,72%). Les deux dernières places du top 5 sont occupées par la Lituanie (1,54%) et la Lettonie (1,15%). Les trois pays baltes, qui partagent tous une frontière avec la Russie ou son alliée, la Biélorussie, figurent parmi les donateurs les plus généreux depuis le début du conflit.

En terme de pourcentage du PIB, la France est vingt-septième, ayant contribué à hauteur de 0,07 % de son PIB, un taux légèrement inférieur à celui de la Grèce (0,09 %). L’aide fournie par la France a connu une baisse constante depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie – la France occupait la vingt-quatrième position en avril 2023, et la treizième en été 2022.

Qu’en est-il des tensions à la frontière entre l’Ukraine et la Pologne ?

Depuis un certain temps, la Pologne et l’Ukraine connaissent des tensions dans leurs relations, en grande partie en raison du transit des céréales ukrainiennes. Au printemps 2022, l’Europe avait instauré des « canaux de solidarité » destinés à favoriser l’exportation de produits agricoles ukrainiens, sans frais douaniers, vers des régions telles que l’Afrique et le Moyen-Orient. Cependant, près de la moitié des céréales ukrainiennes trouvent leur chemin vers l’UE (Union européenne), selon la fondation agricole mondiale, Farm Foundation. Le coût de ces céréales, en particulier dans les pays d’Europe centrale, est nettement inférieur à celui du blé cultivé en UE.

Des nations comme la Pologne, la Bulgarie, la Hongrie, la Roumanie et la Slovaquie ont bloqué unilatéralement leurs importations en avril 2023, arguant que ces céréales mettent en péril leur marché intérieur et par conséquent les revenus de leurs agriculteurs. Bruxelles avait accepté cet embargo à condition qu’il ne soit pas un obstacle au transit vers d’autres pays et qu’il ne dure que quatre mois. Néanmoins, à la fin de l’été, la Pologne a choisi de garder ses frontières fermées aux céréales ukrainiennes, arguant que le problème sous-jacent n’avait pas été résolu, malgré l’opinion contraire de Bruxelles qui estimait qu’il n’y avait plus de distorsion des marchés nationaux de céréales.

Depuis quelque temps, les fermiers polonais barrent l’accès à la Pologne depuis l’Ukraine en interdisant aux véhicules ukrainiens de franchir la frontière. Leur exigence est une interdiction totale des produits agricoles et alimentaires provenant de l’Ukraine. Ils manifestent contre l’augmentation de leurs frais de production tandis que leurs silos et magasins sont pleins à craquer et que les tarifs sont dérisoires. Au commencement de 2024, le dirigeant ukrainien a déclaré que le siège de la frontière polonaise était la preuve de la perte de compassion pour son pays, et a demandé une discussion avec la Pologne. « C’est une situation qui fait plaisir uniquement à Moscou », a-t-il assumé, condamnant « la montée de mots d’ordre ouvertement en faveur de Poutine ».

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