Ymene Lahmar-Cherif, une étudiante de 22 ans à l’Université Paris-Est-Créteil-Val-de-Marne (UPEC), endure chaque mois des symptômes tels que des crampes, des nausées, des vomissements et une fatigue persistante lors de ses menstruations. C’est pourquoi le vote en juillet en faveur du congé menstruel par la Commission de la formation et de la vie universitaire de son établissement lui a apporté un grand soulagement. S’exprimant avec enthousiasme, Ymene, qui est atteinte d’endométriose, voit ceci comme un triomphe pour elle-même et les autres étudiantes touchées par des règles douloureuses. Elle apprécie que le congé menstruel reconnaisse les menstruations en tant que raison légitime d’absence, ce qui réduit son stress académique.
En instaurant ce système en septembre 2023, l’Université d’Angers est devenue la pionnière, suivie de près par celle de Rouen. À compter de la rentrée de septembre 2024, huit universités sur soixante-douze, dont l’UPEC, l’Université de Bordeaux-Montaigne, la Sorbonne-Paris-Nord et Clermont-Auvergne, offrent maintenant le congé menstruel aux étudiantes suite à un vote en Commission de la formation et de la vie universitaire. Cela s’est fait la plupart du temps à la suite de demandes de la part des associations étudiantes, souvent à travers des pétitions.
Une fois que le congé menstruel est voté, son application est déterminée par des modalités spécifiques à chaque institution. Par exemple, à Angers, aucun certificat médical n’est nécessaire pour bénéficier des dix jours de congé annuels accordés. Selon Aude Stheneur, directrice de la Conférence permanente des chargés de mission égalité diversité (CPED) de l’enseignement supérieur et de la recherche, cela s’explique par le fait qu’Angers se situe dans une région où les déserts médicaux sont monnaie courante et trouver un rendez-vous médical relève presque de l’impossible.
À l’Université Bordeaux-Montaigne, la présentation d’un certificat médical est obligatoire pour prouver des menstruations douloureuses et être éligible à un congé menstruel de quinze jours par an. Ce choix a été soutenu par les associations universitaires et la direction de l’université. Il permet notamment aux étudiantes de faire des tests pour d’autres maladies comme l’endométriose ou le syndrome des ovaires polykystiques, a déclaré Marion Lafon, une étudiante de cette université et présidente locale de l’Union nationale des étudiants de France (UNEF), qui conduit le projet depuis 2023.
À l’UPEC, les étudiantes qui souffrent de dysménorrhée (menstruations douloureuses) ont droit à douze jours d’absence justifiés par an grâce à la présentation d’un certificat médical. Il s’agit d’une mesure pour rassurer les équipes pédagogiques concernant d’éventuels abus d’absences. « La crainte majeure concernant l’introduction d’un congé menstruel est l’idée que les étudiantes utilisent ce congé pour manquer les cours, explique Anne de Rugy, sociologiste, maître de conférence et vice-présidente de la vie étudiante et de l’engagement à l’UPEC, qui a travaillé pour la mise en place de ce congé. Cependant, les étudiantes n’ont aucun avantage à rater des cours pour leur accomplissement académique. Ce mesure est fondamentalement une reconnaissance du fait que pendant leurs règles, certaines femmes peuvent être incapacité. »
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