Il n’est plus possible pour un nombre croissant de Chinois de partir à l’étranger sur un coup de tête, car ils ne détiennent plus leur propre passeport. Les passeports doivent désormais être confiés à leurs places de travail respectives, et ceux qui souhaitent sortir du pays doivent soumettre une demande à leur hiérarchie.
Cette politique, qui concernait auparavant uniquement les cadres du Parti communiste chinois (PCC), les responsables administratifs et ceux des entreprises d’Etat, touche désormais un plus grand nombre de travailleurs publics, incluant même les instituteurs. L’extension de cette réglementation attire l’attention du public, suscitant de nombreuses questions pratiques telles que la récupération des passeports, les délais et la durée autorisée de voyage, mais se demandent également pourquoi une telle restriction est mise en place.
Après les cadres du PPC et les responsables locaux, la majorité des fonctionnaires, y compris ceux des échelons inférieurs, ont dû rendre leurs passeports, suivis par les employés des entreprises publiques. Depuis 2018, cette politique affecte progressivement les banquiers (les banques étant à capitaux publics), les enseignants, même de classe inférieure, et les médecins des hôpitaux.
Mme Wang, une médecin d’un hôpital public en Mongolie-Intérieure, s’interroge : « Je ne suis pas fonctionnaire, je n’ai accès à aucun secret d’Etat. Pourquoi devrais-je rendre mon passeport ? » Quand elle a appris l’existence de cette mesure, elle n’a reçu aucune explication. « Je doute que simplement dire à mon superviseur que je veux voyager soit suffisant pour le convaincre », dit-elle.
« Beaucoup de gens sont concernés », a-t-elle ajouté.
La politique mise en place n’a pas été clairement éclairée pour les citoyens, mais la potentialité d’une menace à la sécurité nationale due à l’invasion de forces étrangères hostiles est constamment soulignée. Sous la direction de Xi Jinping, le Parti communiste craint qu’une libéralisation de la pensée engendrée par l’ouverture économique n’entraîne une déstabilisation politique, et aspire donc à reprendre son emprise sur la société.
Depuis 2014, le président a fait la promotion du concept d’ « approche globale de la sécurité nationale ». Les restrictions augmentent même pour les Chinois qui sont entièrement fidèles au parti unique. Le ministère de la sécurité d’Etat, après avoir créé un compte sur WeChat à l’été 2023, utilise régulièrement cette plateforme pour partager des échantillons des menaces potentielles, y compris le risque d’être recruté par un service de renseignement ennemi lors d’un simple voyage hors de Chine.
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