Marion Montaigne, âgée de 44 ans, est constamment tourmentée par des questions apparemment enfantines, comme « Pourquoi les tyrannosaures ont-ils des bras si petits ? » ou « Pourquoi les adolescents sont-ils si paresseux ? ». Elle ne se contente pas de réponses vagues, mais préfère mener sa propre enquête. Elle fait appel à des experts en toutes sortes de domaines, des paléontologues aux physiciens, en passant par les virologues. Elle analyse attentivement les theses complexes et remplit des pages de notes dans une quête presque obsessionnelle de la connaissance. Quand elle parvient à comprendre un concept complexe, c’est pour elle un moment d’épiphanie.
Une fois armée de ses nouvelles connaissances, Montaigne prend sa plume pour les illustrer de manière humoristique dans ses bandes dessinées. Le personnage principal de ses histoires est souvent le professeur Moustache, qui est l’héroïne de sa série « Tu mourras moins bête ». Le sixième volume de la série, qui a débuté en 2008 sur un blog, sera publié le 6 novembre chez Delcourt.
Le deuxième volume de cette populaire série de bandes dessinées a reçu le prix du public au Festival international de la bande dessinée d’Angoulême en 2013. Depuis 2016, la série a également été adaptée en dessin animé sur la chaîne Arte, et une troisième saison est en cours de préparation.
Marion Montaigne trouve une joie constante à renouer avec sa semblable moustachue, qu’elle considère comme une sorte d’exercice mental. Elle jongle entre la conception d’albums matures et thématiques, qui prennent environ deux ans à réaliser, et des œuvres plus amusantes, cantonnant à plusieurs questions, comme « Tu mourras moins bête ». L’autrice s’exprime depuis son studio à Montreuil, un quartier en Seine-Saint-Denis, aux portes de Paris, où elle s’est récemment installée en mars dernier. La petite maison, nichée aux côtés d’immeubles, est maintenant une abode pour une brochette d’artistes de différents genres : réalisateurs d’animation, créateurs de jeux de plateau, bédéistes et illustrateurs.
L’espace a été surnommé « Petit Tonnerre », en hommage à un mustang fidèle à Yakari dans la bande-dessinée du même nom, crée par Derib et Job, un auteur que Montaigne adore et qui est décédé en octobre dernier, à l’age de 96 ans. Montaigne tient à ce que l’endroit offre des loyers raisonnables et fonctionne sur une base démocratique. Elle vise également à instituer un système de tutorat pour conseiller les auteurs débutants. Elle se remémore ses propres débuts solitaires à Angoulême et à quel point elle aurait apprécié ce type de soutien. Cet engagement n’est pas étranger à Montaigne. En 2020, en tant que présidente du jury du festival d’Angoulême, elle avait publiquement sollicité l’attention du ministre de la culture, Franck Riester, à travers une lettre ouverte, faisant état d’un rapport de Bruno Racine, un haut commissaire qui traitait de la précarité des artistes, en particulier des auteurs de bandes-dessinées.
Il reste encore 60.71% de cet article à parcourir. La suite est exclusivement accessible aux personnes ayant souscrit un abonnement.
Laisser un commentaire