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28 octobre 2024 4 h 44 min

Critiques du Monde : Auteurs Variés

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Romans, poésie, essais, narratives, bandes dessinées, science-fiction, histoire de l’art, philosophie, et jeunesse… Ce sont les revues des seize œuvres remarquables de la quarante-troisième semaine de l’année.

Roman. « Les Présences Imparfaites », écrit par Youness Bousenna.

Il y a une grande différence d’âge entre Marc Pépin, le personnage principal des « Présences Imparfaites » qui est né en 1961, et Youness Bousenna, l’auteur de ce premier roman âgé de 34 ans (et collaborateur de Monde). Cependant, cela n’empêche pas le second de donner une vérité authentique à l’aveu du premier, tout au long de ce récit où le personnage, à l’aube de ses soixante ans, revient sur une vie passée à essayer d’échapper à l’ennui de sa jeunesse dans une famille de classe moyenne en banlieue parisienne. Cette envie de nouveauté l’a poussé à devenir journaliste, reporter pour le service international du Figaro, fréquentant des zones de guerre et autres terrains hasardeux. Mais peut-on vraiment échapper à soi-même?

Youness Bousenna donne à Marc Pépin, qu’il également catégorise comme un écrivain, une écriture de moraliste élégant, avec un classicisme légèrement guindé, pour évaluer cette existence. Avec une lucidité impitoyable, il revient sur une vie où la rage l’a fait passer à côté de l’essentiel et sur certains mouvements collectifs et historiques des cinquante dernières années.

« Les Présences Imparfaites », de Youness Bousenna, Rivages, 210 p., 19.50 €, en format numérique pour 15 €.

BD. « La Chiâle », par Claire Braud

Comment parvenir à créer un ouvrage touchant et sincère à partir d’un sujet comme l’exploration de la dépression qui semble peu attractif sur le papier ? C’est le défi que Claire Braud relève avec brio, parvenant à maintenir une distance ironique lorsqu’elle s’efforce de découvrir la source des larmes qui submergent régulièrement son visage. Se cachant derrière un avatar comique nommé Carilé, elle scrute ses fragilités sans ménagement, tourmentée par deux événements dramatiques : les attentats de Paris en novembre 2015, qu’elle a vécus cachée dans le sous-sol d’un magasin parisien, espérant que sa provenance provinciale la protégerait des balles ; et un carnage d’Etat dans un pays asiatique dont elle a raconté l’atrocité en tant qu’assistante pour un film documentaire.

Elle n’hésite pas à utiliser des techniques narratives audacieuses, comme l’anthropomorphisme pour illustrer des ressentiments familiaux dans une communauté agricole en constante evolution. Le trait de dessin de l’auteur, plus sérieux qu’il n’y paraît, explore en même temps certains problèmes contemporains, allant du patriarcat résistant à la destruction de la nature, des problématiques que même les larmes ne peuvent compenser. F. P.
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