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27 octobre 2024 3 h 47 min

Stéréotypes masculins augmentent risques routiers

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Marie-Axelle Granié est une chercheuse en psychologie sociale du développement à l’université Gustave-Eiffel. Elle dirige le laboratoire Modis, spécialisé dans la mobilité durable au niveau de l’individu et de la société. Granié a rédigé de nombreux articles sur les variations de perception des risques en fonction du genre, surtout dans la sécurité routière.

Pourquoi certains se comportent-ils de manière agressive lorsqu’ils conduisent ?

Ce n’est pas un comportement restreint uniquement aux conducteurs. Piétons et cyclistes peuvent également montrer un comportement similaire. Cela se produit quand nous sentons que quelqu’un ou quelque chose empiète sur notre espace privé ou sur le territoire qui nous est alloué par les aménageurs des voies de circulation. Le danger que représente ce comportement augmente avec la taille et la rapidité du véhicule, en plus du sentiment de protection que procure la voiture, qui intensifie la perception de menace lorsque quelqu’un tente de violer cette « bulle ».

Pourquoi le comportement de conduite diffère-t-il tant entre les genres ?

Les stéréotypes sur les conducteurs hommes et femmes sont internalisés dès le plus jeune âge. A environ 11 ans, une conviction solide se forme, perçue comme un fait naturel : l’homme est compétent pour conduire et il est acceptable pour lui de prendre des risques. Cette prise de risque est vue comme un signe de contrôle du véhicule. Les jeunes hommes, surtout ceux âgés de 18 à 25 ans, adoptent ces comportements pour affirmer leur appartenance à la communauté masculine.

Des recherches montrent que ceux qui adhèrent fortement aux stéréotypes masculins sont plus susceptibles de prendre des risques sur la route et d’exercer une certaine domination sur les autres usagers de la route. Ces conclusions sont valables pour tous les âges et tous les moyens de transport, que ce soit en voiture, en scooter, à vélo ou en trottinette.

L’idée que les femmes sont naturellement incompétentes au volant est façonnée dès leur adolescence, vers 13-14 ans. Cette perception est alimentée par de nombreuses blagues sexistes sur « la femme au volant », qui sont courantes en France, malgré le fait que ce genre de discours n’est généralement plus accepté dans tout autre contexte. Faisant face à cette présomption d’incompétence, les femmes ont tendance à avoir du mal à obtenir leur permis de conduire, contrairement aux hommes qui vivent mal un échec au permis.

Pourtant, dans tous les pays du monde, y compris ceux qui luttent activement pour l’égalité des sexes, les hommes représentent plus de trois quarts des morts sur les routes. Ce ratio reste le même, peu importe la distance parcourue en voiture. En France, bien que les hommes parcourent en moyenne 11 000 kilomètres par an et les femmes 10 000, les premiers sont désignés comme responsables d’accidents à hauteur de 83%.

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