La voiture sombre de Michel Barnier s’arrête dans le parking boueux du centre commercial à Givors, dans la métropole de Lyon. Il est vendredi 25 octobre et des camions poursuivent le nettoyage de l’asphalte qui a été inondé par des pluies abondantes la semaine précédente. Ces pluies ont causé la montée des eaux du Gier, paralysant l’autoroute et bloquant les commerçants dans leurs boutiques. L’inondation était beaucoup plus sévère que celle de 2008.
« Nous devons nous préparer à l’éventualité d’événements inattendus. Nous affronterons ensemble », assure le chef du gouvernement aux personnes affectées. Il a déclaré qu’il tient compte des avertissements répétés des scientifiques qui prédisent que le changement climatique rendra ces événements autrefois improbables de plus en plus courants. Depuis sa nomination il y a un peu plus d’un mois, son gouvernement a déjà dû faire face à des inondations en Ardèche, Haute-Loire, Rhône, Seine-et-Marne, etc.
En visitant Eveux dans le Rhône, le Premier ministre présente le troisième Plan national d’adaptation au changement climatique (Pnacc). Ce plan se base sur l’hypothèse d’une augmentation de température de 4 °C en France d’ici la fin du siècle comparativement à l’époque préindustrielle.
« L’atmosphère de Marseille ressemblera à celle de Séville et Lille aura le climat de Bilbao. Ces changements auront des conséquences très tangibles. J’ai compris très tôt que prévenir coûte moins cher que réparer », déclare l’ancien ministre de l’environnement (1993-1995) en charge de la mise en oeuvre d’un plan que le gouvernement avait l’obligation de présenter avant le 1er juillet 2023. Il propose 51 mesures.
L’actualité politique a perturbé la présentation du document finalisé au printemps 2024. Gabriel Attal, qui était Premier ministre à l’époque, n’a jamais abordé le sujet en raison de préoccupations plus urgentes. Le processus a ensuite été interrompu par les élections européennes et la dissolution en juin.
Parmi les 51 mesures révélées jeudi, certaines sont moins ambitieuses que celles qui avaient été consultées initialement par Le Monde. Par exemple, le ministère de la transition écologique souhaitait incorporer dans la loi le scénario de réchauffement climatique servant de référence pour l’adaptation au changement climatique. Cette démarche aurait établi une référence inévitable de + 4 °C d’ici 2100 pour la France. Cependant, il y a tout de même un progrès substantiel : ce scénario doit être intégré dans tous les documents de planification et sectoriels locaux d’ici 2030.
En ce qui concerne un autre aspect crucial, le financement, l’administration avait prévu de lancer un « fonds d’adaptation » de 150 millions d’euros. Le Pnacc ne fait que proposer de « renforcer » le fonds Barnier déjà en place, qui est de 75 millions d’euros, en le doublant pour atteindre 300 millions d’euros, « afin de mieux protéger les populations des événements extrêmes ».
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