Dans le livre intitulé « Ce que la philosophie doit aux femmes. L’histoire oubliée de la pensée, des origines à nos jours » dirigé par Laurence Hansen-Love et Laurence Devillairs et publié par Robert Laffont, l’importance des femmes dans la philosophie est soulignée. Alors que la représentation traditionnelle de la philosophie semble dominée par les hommes, cela ne reflète pas la réalité. De l’Antiquité en passant par la Grèce, Rome, l’Inde et la Chine jusqu’aux Temps modernes, il a longtemps été prétendu que la philosophie était une sphère exclusivement masculine. Cette hypothèse a depuis été démentie au fur et à mesure que l’on découvre et célèbre les contributions significatives des philosophes féminines.
La correction de cette fausse représentation ne date pas d’hier. Gilles Ménage, un écrivain français, avait déjà publié une « Histoire des femmes philosophes » en 1690. De plus, les Lumières et le XIXe siècle ont constamment cherché à réviser ce panorama intellectuel. De nombreuses recherches universitaires, principalement de la sphère anglo-saxonne, ont également aidé à remettre en question cette notion, notamment les quatre volumes d’une « Histoire des femmes philosophes » par Mary Ellen Waithe, publiés à partir de 1987, qui n’ont pourtant jamais été traduits.
Les obstacles sont nombreux, les préjugés persistants, les institutions timides. Ce n’est qu’en 2003 qu’Hannah Arendt est devenue la première femme à apparaître sur la liste des auteurs du programme de philosophie du baccalauréat en France, suivie seulement par cinq autres femmes en 2019… Il était donc réjouissant de voir la publication d’un livre à destination d’un large public, visant à offrir une vue d’ensemble de « l’héritage des femmes en philosophie ». Tout était en place pour une présentation significative : les compétences de douze auteures universitaires, la complémentarité de leurs expertises, l’ambition d’une compréhension globale. Cependant, le résultat attendu n’a malheureusement pas été atteint.
Activistes américaines
Certes, les lecteurs apprendront beaucoup et trouveront de nombreuses références utiles et des informations intrigantes sur les femmes philosophes à travers les époques et les cultures. Néanmoins, plus la lecture progresse, plus les doutes apparaissent. Il est assez dérangeant que les auteures consacrent une portion de leurs analyses aux œuvres des autres. Il est aussi surprenant qu’autant de militantes actuelles soient détaillées minutieusement, de l’écoféminisme au mouvement care puis #metoo, sans que des noms féminins emblématiques, qui ont énormément apporté à la philosophie, ne reçoivent même pas une simple mention.
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