Le président américain, Joe Biden, a offert des excuses historiques le vendredi 25 octobre pour les crimes commis pendant plus d’un siècle dans des internats où des dizaines de milliers d’enfants indigènes, séparés de leurs familles par l’État, ont été maltraités dans le but d’une assimilation forcée. Il a présenté ces excuses depuis la réserve indigène de Gila River, en Arizona, marquant un moment de silence pour « les victimes et les générations qui vivent encore avec ce traumatisme ».
Selon lui, le but de ces pensionnats était d’éliminer complètement la culture, la langue et l’identité des Amérindiens. Beaucoup d’enfants ont été victimes de violences physiques, émotionnelles et sexuelles, d’après un récent rapport du gouvernement. Ces institutions ont établi leurs racines entre le début du XIXe siècle et les années 1970. D’après le rapport gouvernemental, au moins 973 enfants ont perdu la vie dans ces établissements.
Le président Biden a détaillé les traitements choquants dans ces pensionnats : les enfants étaient dépouillés de leurs vêtements à leur arrivée, leurs cheveux – considérés sacrés – étaient coupés, leurs noms effacés et remplacés par un numéro ou un nom anglais. Certains d’entre eux étaient forcés au travail, certains étaient adoptés sans le consentement de leurs parents biologiques, d’autres étaient abandonnés à mort et enterrés dans des tombes anonymes.
Il a reconnu cette période comme étant l’un des moments les plus sombres de l’histoire américaine, un « terrible chapitre ignoré dans nos livres d’histoire ». Biden a ajouté que les traumatismes subis par les enfants amérindiens dans ces institutions hantent toujours « notre conscience ».
« Les excuses présidentielles, si rares, sont « si historiques que je ne suis pas convaincue de pouvoir en saisir toute l’ampleur » a déclaré jeudi la ministre de l’intérieur, Deb Haaland, première ministre amérindienne des Etats-Unis. Ces excuses « représentent plus que les mots ne peuvent le dire ».
Grâce à son initiative, une vaste enquête a été initiée en 2021, aboutissant à un rapport détaillé. Elle a également organisé une tournée, appelée « Chemin de la guérison », dans douze communautés amérindiennes, afin de donner l’occasion aux victimes de partager leur histoire.
« Durant plus de cent ans, des dizaines de milliers d’enfants autochtones, certains d’à peine 4 ans, ont été enlevés à leur famille et à leur communauté pour être internés de force dans des écoles résidentielles gérées par le gouvernement américain et des institutions religieuses », a déclaré la ministre: « Y compris ma propre famille. »
« Pendant de nombreuses années, ce chapitre terrifiant a été omis de nos livres d’histoire », a-t-elle ajouté. Mais « le gouvernement fédéral a échoué. Il n’a pas réussi à éradiquer nos langues, nos traditions, nos modes de vie. Il n’a pas réussi à nous anéantir », a-t-elle proclamé devant une foule réunie au soleil.
Au Canada également
Les évêques catholiques américains ont officiellement reconnu cette année le rôle de l’Eglise dans « les traumatismes » infligés aux Amérindiens et ont présenté leurs excuses. »
Dans le Canada voisin, des pratiques similaires de pensionnats ont été suivies, et le pays a lui aussi pris conscience de cette partie sombre de son histoire au cours des dernières années. En 2021, cette blessure a été ravivée par la découverte de plus de mille tombes sans nom sur les sites des anciens pensionnats catholiques pour indigènes. Lors de sa visite au Canada en été 2022, le pape François a demandé « pardon pour le tort causé ».
L’administration de Joe Biden a instauré toute une série de mesures pour soutenir les nations indiennes et améliorer les rapports avec le gouvernement fédéral. Plusieurs sites ancestraux ont été déclarés « monuments nationaux » et a signé des décrets pour imposer des consultations régulières des gouvernements indiens par les agences fédérales, et a investi des milliards de dollars pour la construction d’infrastructures dans les réserves indiennes.
Par ailleurs, la visite de Joe Biden intervient en pleine campagne présidentielle, avec sa vice-présidente, Kamala Harris, en lice face au républicain Donald Trump dans une course très serrée.
En 2020, Joe Biden avait remporté de justesse l’Arizona, un État clé qui, avec d’autres, pourrait être décisif pour les résultats du scrutin en novembre, et où la population indienne est parmi les plus importantes aux États-Unis.
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