Il y a environ deux semaines que Stanislav Asseyev, un vétéran ukrainien respecté, a annoncé publiquement sa désertion de l’armée. Il se décrit dorénavant comme un « homme libre ». Asseyev, célèbre écrivain et journaliste, s’est retrouvé dans un café modeste de Podil, un quartier de Kiev, un samedi après-midi fin octobre. Cet homme de 35 ans à la complexion claire et au regard intense, profite à nouveau de la vie civile après avoir servi pendant sept mois dans une unité de défense territoriale. Cette unité a connu d’importantes pertes et désertions durant l’été, entraînant son inévitable dissolution. Ayant été blessé deux fois dans le Donbass, il souhaitait intégrer le service de renseignement militaire ukrainien, le HUR. Malgré le soutien de Kyrylo Boudanov, le chef influent du service, sa demande est restée sans réponse auprès de son ancien commandement.
Stanislav Asseyev a choisi d’exercer son droit à la démobilisation, un privilège accordé à tous les anciens prisonniers des forces russes. Durant sa carrière de journaliste, il a été détenu et torturé de 2017 à 2019 dans la prison d’Isolatsia à Donetsk, surveillée par le FSB, l’agence de sécurité russe. Bien qu’il soit incertain de son avenir, il envisage de continuer son travail avec le Justice Initiative Fund, une organisation qu’il a créée afin de recueillir des informations sur les crimes de guerre russes. Asseyev pourrait continuer d’écrire un livre relatant son expérience militaire qu’il avait commencé dans les tranchées. Après moins d’un an de combat et la dégradation de la situation sur le front, une chose est sûre : Stanislav Asseyev fera tout son possible pour exposer le quotidien de ses anciens camarades et attirer l’attention sur les défis majeurs de l’armée.
En évoquant la situation des troupes de défense territoriale, qui sont réparties dans tout le pays et ont été rejointes par des dizaines de milliers de civils dès les premiers jours de l’invasion, on constate que leur motivation diminue significativement. Cependant, selon lui, le problème dépasse le cadre de cette division militaire spécifique pour toucher l’ensemble de l’infanterie. Une crise majeure se fait ressentir parmi les rangs de l’infanterie en raison d’une insuffisance de personnel, formation et communication interne entre les différentes divisions, soutient-il. Il s’agit d’une problématique interne à l’Ukraine qui ne peut pas être résolue par une intervention occidentale. À son avis, peu importe la quantité de drones ou de munitions disponibles si les tranchées ne sont pas occupées par des soldats. Il vous reste encore à lire 66.54% de cet article, la suite étant réservée aux abonnés.