L’information de l’ouverture du procès a entraîné la démission de Mathias Vicherat de son poste de direction à Sciences Po. Une réquisition de six mois de prison avec sursis a été demandée, le jeudi 24 octobre, à l’encontre de l’ancien directeur de l’établissement et de sa précédente partenaire, Anissa Bonnefont, qui étaient tous deux en procès à Paris pour de présumées violences conjugales qu’ils se reprochaient mutuellement.
« Ce n’est pas le rôle actuel du système judiciaire de déterminer le responsable de cette tragédie conjugale », a affirmé le procureur de la République, Florent Boura, soulignant que dans cette complexe affaire « les victimes sont également les coupables ».
Mathias Vicherat a été jugé par la 10e chambre correctionnelle du tribunal de Paris pour deux cas de violences intentionnelles envers son ancienne partenaire. Anissa Bonnefont, de son côté, était poursuivie pour des actes de violence volontaire durant l’année 2023. Le ministère public a également demandé que l’interdiction pour les anciens partenaires d’entrer en contact pour une durée de trois ans.
« Relation Nocive »
Au cours de longues déclarations, les deux accusés ont exposé les détails de leur quotidien en couple marqué par des conflits « presque quotidiens » qui pouvaient durer « jusqu’à douze heures », un avortement qui les a « profondément affectés », les allégations d’infidélité de M. Vicherat « avec une femme mariée », les séjours en établissement psychiatrique et les allégations de viol, classées sans suite.
En juillet 2023, Mathias Vicherat fut soupçonné d’avoir agressé sa partenaire suite à une énième dispute. Il lui serait ensuite reproché, quelques mois plus tard précisément le 30 septembre, d’avoir tenté de récupérer son téléphone qu’elle avait en main, ce qui aurait donné lieu à une fracture du poignet et aboutit à une incapacité de travail (ITT) de 50 jours. Par ailleurs, il est également accusé d’avoir infligé à Anissa Bonnefont des violences physiques telles que des gifles et des coups, ayant conduit Vicherat à une ITT psychologique de 30 jours.
Malgré cela, ce responsable politique de 46 ans a insisté sur le fait qu’il contestait toutes les accusations portées à son encontre. Il a affirmé avoir assez tôt réaliser qu’il était prisonnier d’une relation nocive, et que ses interventions avaient pour but de la apaiser. Il a expliqué vivre sous une pression constante, due aux multiples crises de jalousie de son ancienne compagne concernant la mère de son fils, Marie Drucker. La défense de Vicherat a demandé qu’il soit disculpé. Patrick Klugman, l’un de ses avocats, a argumenté en disant : « Vous ne pouvez pas lui rendre ses ambitions ou ses études à Sciences Po, mais ce qu’il demande, c’est de rétablir sa dignité ». Le cas de Vicherat a automatiquement été saisi par la justice.
Anissa Bonnefont a admis avoir donné plusieurs gifles sans toutefois reconnaitre avoir donné des coups de pied ou de poing. Elle a exprimé qu’elle avait repoussé son partenaire potentiellement avec ses mains. De plus, elle a admis être l’instigatrice des premiers actes de violence. Dans leur relation, la quadragénaire a ressenti un sentiment de vampirisation et un manque de respect de son ancien partenaire qui la dévalorisait. Guillaume Barbe, un de ses avocats, a déclaré que M. Bonnefont était la victime, affirmant qu’il est préoccupant qu’un haut fonctionnaire se présente devant le tribunal sans admettre sa culpabilité. Sébastien Schapira, un autre de ses avocats, a plaidé devant le tribunal de ne pas envoyer les deux accusés dos à dos, arguant qu’on peut devenir fou en écoutant une vérité constamment bafouée.
Durant l’audience, plusieurs SMS échangés entre eux ont été lus par le tribunal. Parmi ces derniers, Mathias Vicherat lui écrivait: « Ton poignet c’était un accident (…). Si tu portes plainte, tu vas me détruire (…). Je t’aime Anissa, mal, mais je t’aime ». De son côté, Anissa Bonnefont lui avait écrit: « Je suis désolée de ces coups que je te donne ».
L’affaire a éclaté le 3 décembre 2023, lorsque suite à une dispute entre Mathias Vicherat et Anissa Bonnefont, cette dernière s’est rendue au commissariat de police du 7ème arrondissement de Paris, suivie par son partenaire. Ils ont été placés en garde à vue mais aucun d’eux n’a porté plainte. Par la suite, la justice a décidé de prendre en main l’affaire. La décision sera rendue le 29 novembre, suite à la délibération.
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