Un membre de la compagnie républicaine de sécurité (CRS) a été référé devant le tribunal criminel de Paris par une juge d’instruction cinq ans après l’incident. L’officier de police, T., est prétendument responsable d’avoir aveuglé un protestataire, Manuel Coisne, âgé de 46 ans maintenant, par un tir d’une grenade lacrymogène Cougar non conforme, qui a été tirée trop bas. L’incident s’est produit le 16 novembre 2019, lors du premier anniversaire du mouvement des « gilets jaunes », à la place d’Italie à Paris, 13e arrondissement.
Suite à une enquête menée par l’Inspection Générale de la Police Nationale (IGPN), T. a été confirmé comme étant à l’origine du tir de grenade lacrymogène d’une distance d’environ soixante mètres qui a aveuglé Manuel Coisne, au cours d’une manifestation qui a également connu d’autres incidents. Face aux images, l’officier de police a confirmé qu’il était le tireur identifié par les enquêteurs.
Un expert en balistique a pu confirmer, à la demande de la juge d’instruction, que le CRS, pour effectuer son tir, n’a incliné son lance-grenades que de 18° et non des 30° à 45° recommandés. Cela corrobore les conclusions d’une enquête menée par Le Monde quelques semaines après l’incident, au mois de décembre 2019.
« Pour reprendre les mots du rapport de l’expert en balistique, le tir non réglementaire de T. a transformé le Cougar en un “lanceur de balles de défense”, extrêmement dangereux du fait de son imprécision totale et de l’énergie d’un projectile qui est grand, lourd, rigide et rapide », précise la juge d’instruction dans l’ordonnance de mise en accusation rendue le mercredi 24 octobre, que Le Monde a eu l’occasion de consulter. Des incohérences dans la formation ont également été relevées.
La juge d’instruction a décidé d’accuser un officier pour « violences volontaires ayant causé une mutilation ou une infirmité permanente » malgré les objections du parquet qui voulait opter pour un non-lieu sous prétexte que l’officier a agi en conformité avec sa formation. Dans son exploration des événements, l’IGPN a révélé des discordances concernant la formation et la compréhension du lance-grenade qui est utilisé différemment par la police et la gendarmerie. Dans son ordonnance, la magistrate fait référence à des directives clairement mentionnées dans le « guide technique de l’utilisateur du lanceur Cougar » d’Alsetex, qui stipule que les munitions balistiques doivent être tirées à un angle de 30° à 45°. Enfin, veuillez noter que le reste de cet article est accessible uniquement aux abonnés et que 47% de l’article reste à lire.
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