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25 octobre 2024 18 h 47 min

Martinique : tensions malgré couvre-feu

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Des incidents violents ont éclaté de nouveau en Martinique, dans la nuit du 24 au 25 octobre, avec des manifestations notifiées par la préfecture dans plusieurs municipalités de l’île et l’attaque d’un véhicule, quinze jours après l’instauration d’un couvre-feu nocturne. « Pendant la nuit, des criminels ont persisté à entraver la circulation dans la région Nord-Caraïbes en érigeant des barrages à Saint-Joseph, Case-Pilote et au Carbet, s’opposant violemment aux forces de l’ordre, » a déclaré la préfecture de cette île antillaise française dans son communiqué.

« A Fort-de-France, un public similaire a volé un camion transportant du carburant dans le but de l’incendier avec un cocktail Molotov près du port », a ajouté la préfecture, qui a également annoncé l’arrestation d’un individu.

Malgré une entente sur une réduction des prix jugée insuffisante.
Le lundi, le couvre-feu, appliqué depuis le 10 octobre à travers le territoire, a été prolongé de minuit à 5 heures du matin jusqu’au 28 octobre. La situation reste tendue sur cette île peuplée d’environ 350 000 habitants, malgré l’accord conclu la semaine précédente entre les services de l’État, les représentants locaux et les acteurs économiques pour réduire les prix de milliers de produits alimentaires de « 20 % en moyenne ».

Cet accord a été jugé insuffisant par le Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéens (RPPRAC), l’organisation à l’origine du mouvement de protestation commencé début septembre.

Ce vendredi matin, à la capitale française, Serge Letchimy, le dirigeant de la Collectivité Territoriale de la Martinique (CTM), est entré en discussion avec Michel Barnier, le Premier Ministre. La confirmation que l’État s’engage pleinement dans l’application du protocole et la réduction des prix à compter du 1er janvier 2025 a été donnée par Barnier à Letchimy, comme l’a vanté la CTM dans un communiqué publié suite à la réunion à Matignon. Le leader de la CTM a aussi plaidé en faveur de « l’élaboration d’une loi d’orientation visant à insuffler un nouveau modèle économique pour la Martinique ».

Confronté à des agitations urbaines, Serge Letchimy a en outre sollicité l’attribution par l’État d’une « aide financière exceptionnelle pouvant atteindre 100 millions d’euros » pour soutenir les « entreprises en détresse ».

Jeudi, la préfecture de la Martinique a rassemblé des intervenants du monde économique venus narrer « la situation dramatique dans laquelle se trouvent les TPE martiniquaises à la suite des actes de banditisme et l’arrêt de l’industrie des loisirs et du tourisme », selon son annonce.

Malgré l’accord conclu la semaine passée entre les services gouvernementaux, les responsables locaux et les acteurs économiques pour faire diminuer les tarifs de milliers de produits alimentaires, la Martinique demeure en proie à de vives tensions. Dans cette épreuve actuelle comme lors des précédentes, une partie des habitants est pointée du doigt par les manifestants: les békés.

Comment justifier cela ? Ces descendants de colons débarqués aux Antilles françaises au XVIIe siècle, jouissent aujourd’hui d’un pouvoir économique considérable. Ils dominent effectivement la majorité du commerce international, l’essentiel de l’agroalimentaire et une proportion significative de la grande distribution. Les Martiniquais sont ainsi presque obligés de fréquenter un de leurs commerces pour se procurer de nombreux produits de tous les jours.

Les mouvements contre la hausse du coût de la vie ont reproché une situation pratiquement monopolistique, une critique qui a été intensément exprimée pendant la grève de 2009. Celle-ci a renforcé la division sociale entre les Martiniquais, descendants d’esclaves, et les Békés, descendants des colons. Dans la vidéo ci-dessous, nous examinons l’histoire coloniale de la Martinique et offrons une explication sur pourquoi les Békés sont aujourd’hui sous le feu des critiques.
Pour mieux comprendre l’octroi de mer, une des justifications des écarts de prix entre la métropole et les territoires d’outre-mer, nous vous recommandons de lire l’article ci-dessous.
La série de vidéos pédagogiques intitulée « Comprendre en trois minutes », produite par le service Vidéos verticales du Monde, est principalement diffusée sur des plateformes telles que TikTok, Snapchat, Instagram et Facebook. Le but de ces vidéos est de fournir un contexte aux événements marquants dans un format succinct et de rendre les actualités compréhensibles pour tous.
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