Echoant un rire étouffé en guise de désespoir, Paul Watson se retrouve face à un défi continu. Le mercredi du 23 octobre, les murs de la cour de Nuuk, la capitale du territoire autonome danois, résonnent du verdict qu’il doit maintenant accepter – rester dans la prison de cette ville groenlandaise jusqu’au 13 novembre, du moins. Ces trois semaines ajoutées à ses quatre derniers mois de détention résultent de l’examen continu par le ministère de la justice danois de la demande d’extradition du Japon, qui est à l’origine du mandat d’arrestation international contre l’activiste. Celui-ci a été appréhendé le 21 juillet durant sa courte escale au Groenland, pour ravitailler son navire, nommé le John-Paul-DeJoria.
Au milieu d’une ville assombrie par une tempête de neige, Watson, fondateur de Sea Shepherd, se trouvait dans la salle de tribunal avec les mains entrelacées et un regard de tristesse, face à Mariam Khalil, la procureure de Nuuk. Comme lors de ses trois dernières comparutions sur sa position juridique, tenues approximativement chaque mois, la magistrate se rapportait à l’incident datant de 2010 où l’ONG a mené une opération contre un baleinier japonais. Il est accusé d’avoir causé des dommages et d’être impliqué dans les « blessures » d’un marin, qui a été cible d’une bombe puante. Mme Khalil a comparé son cas à un incident local de 2017 pour justifier son maintien en détention, où un adolescent a tiré des munitions réelles sur un bâtiment et en direction de plusieurs individus sans faire de victime.
Réagissant à cette comparaison qui le trouble, Finn Meinel, l’avocat du septuagénaire, pose une main rassurante sur son bras et réfute une « comparaison dégradante » inutile. Avant une courte pause pour délibération qui ne dure même pas dix minutes, Paul Watson se confronte à la cour : il questionne sur les buts du tribunal et critique une « procédure politique » imposée par l’industrie de la pêche à la baleine au Japon, qualifiée par lui d' »organisation délictueuse ».
Paul Watson, contraint à la séparation de la mer, fait de son mieux pour obtenir sa libération. Le mercredi 16 octobre, ce militant a sollicité l’asile politique à la France dans une lettre adressée à Emmanuel Macron. Il exprime sa gratitude au président français pour son « soutien », tout en exprimant son admiration pour l’écrivain Jules Verne et le commandant Jacques-Yves Cousteau, qu’il a rencontré en 1986 à l’occasion de l’exposition universelle de Vancouver, au Canada. « Je souhaite que la France demeure notre patrie », insiste Paul Watson, rencontré mardi 22 octobre, dans une salle destinée à recevoir des visites à la prison de Nuuk, située dans une zone isolée le long d’un fjord.
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