Jusqu’à présent, Manfred Weber, le dirigeant du Parti populaire européen (PPE), qui regroupe les chrétiens-démocrates du continent, s’est principalement centré à envoyer des messages sur des questions sans impact législatif pour l’Union européenne (UE). Cependant, ces mouvements n’ont pas été négligés par ceux, au sein des institutions communautaires, qui craignent une alliance de la droite et de l’extrême droite pour imposer leur programme à l’Assemblée de Strasbourg.
Les socio-démocrates (S&D) et les libéraux de Renew sont particulièrement préoccupés par les plans du PPE, malgré le fait qu’ils constituent une majorité avec ce dernier au Parlement européen pour soutenir l’initiative de la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen. Récemment, le PPE les a trahis à plusieurs reprises pour collaborer avec les droites radicales, préférant une majorité alternatif.
Le mercredi 23 octobre à Strasbourg, grâce à cette union ils ont adopté un amendement sur la résolution du budget européen (n’ayant pas de valeur législative) qui appelle l’UE à financer la construction de murs à ses frontières externes pour se protéger de l’immigration. « Cela signifie clairement une rupture avec le cordon sanitaire », souligne la députée européenne écologiste Marie Toussaint.
Le même cas s’est produit le 10 octobre, lorsque les dirigeants parlementaires européens ont décidé de l’ordre des auditions des commissaires que Ursula von der Leyen souhaite avoir à ses côtés pour son deuxième mandat, à partir du 1er décembre.
D’après le calendrier établi, Raffaele Fitto, un Italien, est censé être le premier des six vice-présidents exécutifs potentiels de l’institution à se présenter aux eurodéputés. Cela place le centre et la gauche du Parlement dans une position de stress. Le message est direct: si le représentant choisi par la présidente du conseil italien, Giorgia Meloni, et son parti post-fasciste, Fratelli d’Italia, n’est pas élu, ses pairs socialistes et libéraux, dont l’Espagnole Teresa Ribeira et le Français Stéphane Séjourné, ont de quoi être préoccupés.
« Le PPE fait des courses »
Au cours des semaines précédentes, la droite et l’extrême droite ont plusieurs fois imposé leur point de vue sur des questions relatives à l’organisation de la vie parlementaire. Le 19 septembre, elles ont présenté conjointement – et adopté, sans l’appui des sociaux-démocrates et de Renew – une résolution sur le Venezuela.
« Le PPE fait ses courses en votant avec nous le lundi, et avec [Jordan] Bardella [président du groupe Patriotes pour l’Europe et du Rassemblement national, RN] le mercredi », se plaint l’eurodéputé Pascal Canfin, du mouvement Macron. « [Le groupe] semble prendre plaisir à démontrer qu’il peut compter sur deux majorités possibles. Par ce geste, il envoie le message : « Nous sommes retournés à l’époque bénie où le PPE était tout puissant », ajoute sa collègue (Horizons, groupe Renew) Nathalie Loiseau.
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