Mathilde Larrère, conférencière d’histoire à l’Université Paris-Est-Marne-la-Vallée, n’a pas vu le quota d’heures d’enseignement stipulé par son statut respecté depuis une décennie. Tous les ans, elle travaille beaucoup plus que les 192 heures de cours qu’elle doit officiellement fournir, n’incluant pas la préparation, la correction des copies ni la surveillance des examens. Le nombre de ces heures supplémentaires varie de 230 à 270 chaque année.
Larrère signale qu’en raison de la pénurie d’enseignants à part entière, si elle et ses collègues ne travaillaient pas ces heures supplémentaires, il n’y aurait simplement pas de profs pour les étudiants. La maître de conférences explique qu’avec les postes gelés, des vacataires de plus en plus rares surtout en banlieue, les congés de maternité ou de maladie non remplacés, les cours sont souvent assurés grâce à ces heures supplémentaires.
Ces heures, estimées à près de 8 millions par an en France, représentent environ 25% de l’enseignement et ont occupé une place croissante dans toutes les universités ces dernières années. Les professeurs-chercheurs sont ainsi forcés de sacrifier du temps initialement prévu pour la recherche, qui devrait représenter la moitié de leur charge de travail.
Elina Lemaire, professeure de droit public à l’Université de Bourgogne, souligne que le coût de ces heures supplémentaires est significativement inférieur à celui d’un recrutement. Cependant, cela impacte toutes les autres activités, y compris les tâches administratives et l’assistance aux étudiants, empêchant ainsi les chercheurs de consacrer du temps à leurs recherches.
À l’Université d’Artois, la population étudiante est passée de 11 000 à 13 000 en l’espace de trois ans. Néanmoins, malgré cette augmentation, les budgets ne se sont pas améliorés, certains ont même diminué. Pour compenser cette croissance, on a dû recourir aux heures complémentaires. Ceci équivaut à environ 120 000 heures, où chaque professeur de conférences effectue une moyenne de 100 heures supplémentaires. Ceci n’est qu’une moyenne, car il existe des professeurs forcés de doubler leur charge de travail et de travailler 340 heures, et ils sont nombreux, selon Pasquale Mammone, le président de l’université. En janvier 2023, il prévoyait de réduire ces heures à 50, mais uniquement pour les enseignants recevant une prime pour leur recherche. Il déclare que cela rend vraiment difficile l’organisation de nos programmes d’études. Le reste de cet article est réservé aux abonnés, soit 48,92% du contenu total.
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